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Les textes de 2011

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Message par Invité Mer 16 Mar 2011 - 13:12

Pour rappel, le thème était Sombre Baiser.

Voici un premier texte, écrit par Takac:

takac a écrit:Cher Journal,

Les doutes m’assaillent sans cesse, mes sentiments sont tellement mêlés. Quand je rentre du travail et que je cherche à voir si ces livres de révision ont bougés, la culpabilité m’envahit. Mais que dois-je faire ?

Je sais qu’il a toutes les raisons de stresser. Après des années de galère, il a décidé de reprendre une formation pour enfin trouver un boulot stable. Après des mois d’effort, la malchance a encore frappé et le résultat est tombé : recalé... Je me demande tous les jours pourquoi lui ? Il n’avait vraiment pas besoin de cela ! Il était prêt ! Ses professeurs, son maître de stage tous le donnaient gagnant. Mais le tirage au sort en a décidé autrement.

J’ai été ravie quand il a décidé de retenter sa chance en candidat libre et son travail à mi temps. Mais je n’avais mesuré à quel point ce nouvel échec l’avait soufflé. J’ai compris qu’il fonctionne ainsi. Il pense ne pas pouvoir y arriver alors il ne fait plus rien, la meilleure solution pour qu’il arrive à un nouvel échec. Je sais qu’il peut me mentir à ce sujet, il l’a déjà fait. Je sais qu’un homme se confie très difficilement sur ses sentiments. Alors c’est normal que je le surveille, non ? Mais est ce mon rôle de petite amie de faire cela ? Mais si je ne le fais pas, qui le feras ? Et si je ne le fais pas, que se passera t il ? Je dois l’aider, le soutenir en tant qu’amoureuse. Mais en faisant ainsi, je joue quel rôle ? Celui de mère qui surveille les devoirs de son fils ? Celui du professeur qui note ses élèves ?

Je suis perdue. Dois-je lui dire que je souffre de cette situation ? Dois-je lui dire que je doute de son travail, de sa façon de réviser ? Je risque de lui montrer que je n’ai pas confiance. Cela risque de le faire souffrir et n’est ce pas un risque pour qu’il s’enfonce encore plus dans cette passivité ? Mais je souffre vraiment de cette situation. J’ai peur pour lui. J’ai peur pour nous, pour notre couple, notre avenir.

Je sais que l’amour c’est pour les bons et les mauvais moments, les jours de soleil et les jours de tempête mais j’avoue que c’est difficile. Suis-je capable de continuer à l’aimer s’il ne donne pas le meilleur de lui-même ? Ou est ce le fait que ses doutes, sa passivité l’entraîne dans une déprime ? Une déprime qui fait qu’il ne veut plus sortir, ne plus recevoir du monde.

Ce chéri là, ce n’est pas celui qui m’a fait tomber amoureuse ! J’aime son aisance, sa joie de vivre, son humour, son dynamisme quand il se sent bien. J’aime son côté burlesque, imaginatif, créatif. Je l’aime aussi pour ses doutes et sa sensibilité mais comment continuer à aimer un homme qui ne croit pas en lui au point de tout foutre en l’air ?

Je lui donne un sombre baiser. Je me retourne une fois de plus dans notre lit et décidé d’y croire encore, d’essayer encore. L’homme que j’aime par-dessus tout est encore caché, dissimulé sous cette carapace. Je la percerais cette carapace pour l’aider à se retrouver, à croire en lui.

Merci Cher Journal, écrire m’a toujours aidé à y voir plus clair. J’ai le droit d’avoir ces sentiments, j’ai le droit de douter. L’amour est une chose très complexe que je continue d’explorer et de découvrir…

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Message par Invité Mer 16 Mar 2011 - 14:31

Et voici un texte de plus Smile
Morag a écrit:Sombre baiser.

Il fait si froid. Je sens l’air s’infiltrer insidieusement sous mes vêtements. Je vais aller fermer la fenêtre. Mais cette sensation étrange rend mes membres lourds, comme soudés au fauteuil dans lequel je viens de m’asseoir.
Un frôlement, un picotement, une brise légère comme un papillon se posant sur mes lèvres désormais sèches et immobiles. Un arrière goût de printemps comme lors de notre premier baiser il y a tant d’années. Je me rappel de ton regard, si bleu et sérieux, de ton parfum citronné ; mais par-dessus tout je me souviens de tes lèvres chaudes sur les miennes, de ton souffle puissant et de tes mains le long de ma colonne vertébrale. Un baiser doux et plein de promesses.
Les souvenirs s’envolent… Je voudrais les retenir encore un peu et laisser leur chaleur me réchauffer, mais c’est le froid qui revient. Ais-je rêvé ? Ce baiser est bien là, sur mes lèvres, mais ton visage à disparut.
Personne ne va donc fermer cette fenêtre ?
J’essaye de me concentrer mais les pensées m’échappent. Impossible de revoir ton sourire. Il y a bien cette musique au loin. Vivaldi me semble-t-il. Mais je ne suis pas sûre qu’elle soit réelle ; Plus rien ne me semble réel. Je ne ressens plus que ce frisson sur mon visage, cette infime sensation qui commence déjà à s’estomper. Il est tard, j’aperçois les rayons du soleil disparaître derrière les arbustes du jardin. Il est temps de rejoindre mon lit, de te rejoindre enfin. Je ferme les yeux alors qu’un paisible sommeil me gagne. Le baiser est toujours là…
Ce baiser que j’ai longtemps attendu et espéré, une promesse de liberté…
Ce baiser qui m’emporte enfin loin de mon corps trop fatigué par les années, loin de cette maison trop vide depuis que tu m’as quitté…
Ce sombre baiser.

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Message par Invité Dim 3 Avr 2011 - 21:18

Voici un troisième texte, écrit par Sara2a:

Sara2a a écrit:Tu es magnifique ma Juliette!
Ces yeux me fixent vides, sans expression, pas un son ne vient briser la douceur de l’instant. Elle est assise face à moi, ses couverts bien rangés autour de l’assiette qu’elle n’a pas daignée toucher. Ses tresses épaisses captent la pâle lueur des bougies. Les fenêtres ouvertes sur le jardin laissent entrer une douce fraîcheur qui contraste avec la fièvre qui s’empare peu à peu de moi . Je suis si près d’elle et pourtant si loin.
J’ose à peine briser cet instant qui me rappelle que je suis l’homme le plus heureux du monde.
Je porte mon verre de vin à mes lèvres et la regarde à nouveau, ma Juliette, douce Juliette, ses traits se confondent avec le décor, son impassibilité rehausse la dureté de ses lèvres pourtant si douces que j’ai peine à fixer, ces lèvres qui m’appellent, me rappellent ….

****

Enfin j’y suis, personne n’osera plus douter de mon talent, les affiches qui encadrent l’entrée principale du théâtre prouvent que je suis enfin devenue celle que j’ai toujours voulu être. Le rôle principal est pour moi, finis les tournages de spots publicitaires , les misérables cachets, la course au castings, en plus d’un nom désormais connu dans tout le pays et bientôt au-delà des frontières, en plus d’une plastique qui crève l’écran, le monde du cinéma et du théâtre a enfin compris que je suis bien plus qu’une éphémère jeune première. Mon téléphone ne cesse de sonner j’ai reçu une dizaine de propositions de tournage et ce matin un jeune auteur prometteur s’est même présenté à mon appartement pour me supplier de lire sa nouvelle pièce dans laquelle le rôle principal ne peut être joué que par moi!
Lorsque je rentre dans ma loge, une odeur d’eau de Cologne bon marché assaille désagréablement mes narines , j’aperçois avec plaisir la magnifique robe aux couleurs écarlates qui me transporte de nouveau sur le nuage de gloire duquel je ne parviens plus à descendre. Ignacio, l’homme chargé de la conception des costumes est vraiment très doué! Doué mais horriblement insignifiant, gluant d’une sympathie lourde et étouffante, il ne va pas tarder à revenir pour vérifier que les dernières retouches me conviennent. Ignacio, luisant d’une sueur qui le submerge dès que ses yeux se posent sur moi. Le pauvre garçon n’a vraiment pas été gâté par la nature, il est affublé d’un bec de lièvre qui rend toute conversation gênante. J’évite de le regarder lorsque nous procédons aux essayages des différents costumes, lors de notre dernière rencontre je n’ai pu retenir mon enthousiasme devant la précieuse robe dans laquelle je dois jouer la scène finale. Son travail est époustouflant et j’ai laissé libre court à mon admiration en le complimentant sincèrement sur son travail . Le pauvre garçon est devenu aussi rouge que le tissu du costume, bégayant des propos que je n’écoutais qu’à moitié m’imaginant dans les bras d’Alfonso mon partenaire masculin avec lequel j’entretiens une liaison sulfureuse depuis les premières répétitions.
Alfonso, le souvenir de notre dernière nuit me revient en mémoire, on s’entend plutôt bien mais il faudrait tout de même que je tempère un peu ses ardeurs que j’apprécie entre mes draps de soie, soit, mais pas forcément devant toute l‘équipe, la scène étant à présent devenue mon quotidien il conviendrait que je mette enfin fin à cette relation vouée à l’échec!
Un coup à la porte me tire de mes rêveries, je me suis déjà déshabillée, Ignacio pousse timidement la porte :
-Señorita Juliette puis-je?


****

Ses lèvres, voilà ce que j’ai vu d’elle la toute première fois, affalé sur un des fauteuil de la salle de repos, mes yeux fixés sur l’écran où apparaît une bouche pulpeuse , nacrée , des dents parfaites, une moue moitié boudeuse moitié langoureuse, le reste du visage apparaît peu à peu… Un visage parfait quelque soit l’angle de la caméra…Mon bipper se met à vibrer, une dernière intervention et quarante-huit heures de liberté s’offriront à moi …Deux jours où je pourrai enfin retrouver le théâtre, l’odeur des fauteuils où le spectateur détendu laisse échapper les effluves de son corps détendu, palpitant au son des trois coups qui annoncent le début du spectacle où chacun parvient à s’identifier à la jeune fille amoureuse, au mari cocufié, ou au sombre et perfide amant ! Les yeux de ce même spectateur parcourrent les décors imposants, les visages habilement maquillés des artistes et les costumes éblouissants sans qui l’acteur ne peut totalement rentrer dans son rôle. Je suis celui qui habille ces pantins articulés, celui qui leur donne l’apparence qui fera d’eux tel ou tel personnage, sans moi leurs corps n’a ni saveur, ni beauté , je suis le costumier du théâtre « Gran Canario « , un héritage que m’a laissé ma mère…Les costumes je suis né dedans, m’y intéresser était le seul moyen de faire partie de la vie de ma mère, les semaines s’écoulaient lentement au rythme de la vie du pensionnat dans lequel j’ai passé la plus grande partie de mon enfance, le week-end ma mère venait me chercher ou le plus souvent envoyait une des filles du théâtre, la vrai vie commençait alors pour moi , dans des décors féeriques et des atmosphères pleines d’histoires que je ne parvenais pas toujours à comprendre.
En grandissant cette attraction presque charnelle envers cet univers n’a fait que s’accentuer, loin des moqueries de mes camarades de classe, loin de la pâle et ennuyeuse réalité, j’évoluais entouré d’adultes qui me considéraient comme l’un des leurs. Je rendais de menus services auprès de ce microcosme dont j’avais l’impression de faire partie et j’avais à chaque fois un mal fou à quitter ce monde qui m‘appelait à grand cris. Je suppliais ma mère de me garder auprès d’elle mais elle restait impassible, désireuse que je poursuive mes études, souhaitant que je devienne un homme respecté avec une bonne situation.
En vieillissant son caractère est resté de marbre face à mes désirs, mais ses doigts engourdis par une arthrose qui la rendait irascible ont accepté presque avec résignation mon aide. Dès que mon emploi du temps me le permettait je courrais au théâtre ou à son appartement pour coudre les costumes. Peu à peu mes doigts sont devenus agiles avec les aiguilles et les tissus comme si cet art explosait enfin à l’air libre. Les yeux de ma mère suivaient, sévères, l’élaboration des robes et complets, ses lèvres remuaient de temps à autre pour me guider dans mon travail.
Le jour où j’ai obtenu mon diplôme d’anesthésiste ma mère a rendu son dernier souffle, comme si elle attendait qu’enfin son fils soit sur les bon rails.
Sa mort m’a libéré de ses regards de souffrance, de sa façon de m’étreindre comme par obligation sans jamais me bercer, sans jamais effleurer mes joues du moindre baiser. Ma vie semblait s’arrêter pour mieux repartir vers d’autres horizons enfin ma destinée n’appartenait .

***

-Helena, où vas-tu si vite?
-Je monte Mère, je suis fatiguée.
-Mais viens donc manger un peu, je suis certaine que tu n’as pas soufflé une minute depuis trois jours. Comment va la femme d’Ignacio.
Helena redescend les première marches entamées presque à regret, elle n’a pas vu sa mère assise dans l’ombre de la petite cuisine, un ouvrage de dentelle sur les genoux faiblement éclairé par le feu minuscule de la cheminée.
- Elle est comme morte, Mère, elle ne s’alimente pas, ne parle pas, ne réagit à aucune de mes prières.
- Que dit Ignacio ?
- J’ai l’impression qu’il ne réalise pas l’état dans lequel elle se trouve, elle devrait être encadrée par du personnel compétant dans un milieu médical …
- Tu ne vas pas laisser tomber ce pauvre homme, mon Dieu pourquoi certaines personnes sont poursuivies par le malheur ? Si jeune, avec une telle situation , si sa pauvre mère était encore de ce monde les choses seraient différentes.
Helena s’attelle autour de la table dressant le couvert silencieusement ses sombres pensées voilent le sourire qu’elle voudrait offrir à sa mère.
Le repas se déroule en silence, tout comme sa vie coule lentement dans ce même silence depuis qu’elle s’occupe de Juliette.
Lorsqu’ils étaient enfants, Ignacio venait passer ses vacances au village, elle attendait avec impatience l’arrivé de ce garçon de la ville vêtu de drôles de costumes qui lui donnaient un air plus mûr et savant si différents des enfants du village. Il lui parlait de la ville, du théâtre, il lui racontait les pièces dont il connaissait chaque réplique, lui jouant rien que pour elle les scènes qui l‘avaient marqué. Peu à peu, l’âge aidant Helena se transforma en une jolie jeune fille qui attendait toujours le retour de cet ami si précieux qui la transportait à chaque fois loin de ce village tranquille où il ne se passait jamais rien d’exceptionnel. La réserve naturelle d’Helena l’empêchait de dévoiler ses sentiments qui évoluaient vers un besoin de se rapprocher plus près d’Ignacio, et lui ne se doutait pas qu’Helena puisse ressentir une quelconque attirance pour lui.
Un jour, Helena apprit le décès de la mère d’Ignacio avec tristesse, elle lui envoya quelques mots pour compatir à sa douleur, mais ne reçu aucune réponse en retour, les mois passèrent, les saisons s’écoulèrent , peu à peu elle se fit à l’idée qu’il ne reviendrait plus. Mais à la fin d’un l’hiver Ignacio revint au village dans la vielle bâtisse construite en retrait du village, des camions d’entrepreneurs de la ville ne cessèrent de faire des aller retour. Un dimanche en sortant de la messe Helena aperçu Ignacio sur les marches de l’église, l’air grave, élégamment vêtu, sa silhouette était devenu plus masculine, il portait une moustache comme pour dissimuler la disgracieuse cicatrice dont il n’avait jamais voulu parler, cette cicatrice qu’elle avait de nombreuses fois effleurer de ses lèvres dans ses rêves moites et inavouables.
Il ne lui dit que quelques mots, des phrases qu’elle encaissa silencieusement, sans laisser paraître la moindre déception. Il s’était marié, avec une femme merveilleuse dont il était éperdument amoureux, ils étaient partis en voyage de noce dans un pays exotique. Un soir une terrible attaque cérébrale avait terrassée Juliette, il était confiant malgré le verdict de l’équipe médicale, son état irait en s’améliorant mais il lui fallait du calme et la présence constante d’une tierce personne , il avait tout de suite pensé à elle sa seule véritable amie, la personne en qui il avait le plus de confiance. Il la payerait largement, il la savait dévouée, patiente. Elle acquiesça à chacune de ses phrases, le cœur lourd et triste.

***
- Alfonso, n’insiste pas demain c’est la première, il est inutile de te dire que j’ai besoin d’avoir toute ma tête pour cet évènement, je n’irai pas à cette soirée et tu ne me rejoindras pas non plus cette nuit.
- Voilà que tu te prends pour une diva, tu n’es rien sans moi, ce rôle tu l’as uniquement obtenu parce que tu es passée dans mon lit et que j’ai exigé au producteur de virer cette pauvre Amelia ! Elle a beaucoup plus de classe et de talent que tu n’en auras jamais, je veux que tu réfléchisses Juliette, ou tu es ma petite amie avec tout ce que cela implique ou bien tu peux dire adieu à ta carrière, je ne te laisserai pas me ridiculiser ….
- Alfonso, Juliette, on vous attend ! Vous êtes prêts? Nom de Dieu, tout le staff est là qu’est-ce que vous fichez?

****

Sa robe est magnifique, elle est divine, peut être trop de maquillage ce qui lui donne un air de poupée de porcelaine …
****

Je m’allonge sur la tombe en carton, je ne supporterai pas son haleine, la scène dans la loge m’a mise hors de moi ! Je déteste d’avance la manière avec laquelle il attrapera mon cou, le contact de sa main trop brutale, son sentiment de puissance, ma soumission feinte par obligation pour le rôle …

****

Ça ne se passe pas comme d’habitude, elle est trop crispée, il a bu c’est évidement, son visage a un ton cramoisi qui contraste avec la blancheur de sa chemise….Elle se lève scrute les coulisses et me fait un signe de la main, je m’avance timidement:
-Ignacio, tu connais le rôle pour l’avoir vu un certain nombre de fois, n’est-ce pas?
Mes yeux la scrute interrogateurs je sens la panique qui monte peu à peu en moi….
-Alfonso écarte toi et regarde ce qu‘est le désespoir amoureux!

***
Il se rapproche gauche, tremblant , je sens presque de la peur émaner de ses pores. Ces genoux se posent pesamment, il me soulève la tête délicatement, mes yeux se sont fermés et j’attends immobile, fébrile le contact de ces lèvres étrangères et non désirées.

***
Je ferme les yeux, sa peau est douce elle tremble sous mes doigts, mes lèvres incongrues qui ont rêvé milles fois de ce chemin peinent à atteindre cette incroyable destinée .

***

Alfonso a quitté la scène furieux, injuriant chaque personne qui se trouvait sur son passage, je lui ai joué la scène à ma façon elle n’a pas plu au metteur en scène qui m’a de nouveau rappelé que dans son théâtre les histoires de cœur restaient en coulisse. Je me prélasse dans mon bain satisfaite de cette nouvelle vie à venir, même si je n’ai personne avec qui la partager, pas de famille, ni de véritables amis, mais je n’ai jamais eu besoin de personne ….

***
J’ai encore le poids de ses lèvres sur les miennes , je n’aurai jamais imaginé qu’un baiser ai pu avoir cette saveur, cette chaleur, sa langue m’a paru rappeuse avec un léger goût de cerise …Ma bouche s’est longuement abreuvée de la sienne, jusqu’à ce qu’elle me repousse brusquement, j’ai ouvert les yeux et rencontré son regard , une douceur, un amour partagé voilà ce que j’y ai vu, je n’ai pas rêvé, elle est celle que j’aime depuis toujours, ses lèvres sont les seules à avoir entrouvert les miennes. Je lui souris , elle baisse les yeux timidement.
***
Il faudra que j’explique à Ignacio que ce baiser n’était qu’un jeu, le pauvre garçon pourrait s’imaginer autre chose et je n’ai pas le cœur à le blesser, demain j’irai lui acheter une belle cravate ou bien un parfum distingué et discret pour remplacer cette vieille eau de Cologne qui m’incommode tant .

***
Elle est pourtant là j’ai vu de la lumière, pourquoi ne m’ouvre-t ’elle pas ?
- Ignacio, quelle surprise ?
Elle est magnifique, sans artifice ses cheveux relevés , son peignoir laissant entrevoir la naissance de ses seins…Mon regard s’y attarde un peu trop longtemps mais elle est désormais ma petite amie, après une cours dans les règles je lui demanderai sa main, je la suivrai à travers le monde, m’occuperai de ses costumes et des enfants que nous aurons, je la rendrai heureuse …
- Je suis désolée Ignacio, je ne sais pas ce qui vous amène ici ce soir, mais j’avoue que je suis extrêmement lasse ce soir, la première m’angoisse et je préfèrerai me coucher rapidement.

****

Il a bu plus que de coutume, il est contrarié, son portable n’a pas cessé de sonner, c’est l’hôpital, mais il n’a pas répondu, à l’intérieur de moi je sens le silence et la résignation, je voudrai mourir, ne plus subir ces étreintes, je repense à Helena , qui me regarde étrangement comme si elle me détestait , elle reste des heures à me fixer le regard plein de haine, il lui a raconté une histoire étrange, elle est tombé dans le panneau, je ne suis pas malade, ce sont eux les malades, je n’ai aucune chance, je voudrai mourir ….
Il se lève en faisant trembler la table, son téléphone s’est remis à sonner, il se réfugie dans le salon . Des phrases m’arrivent, il a des problèmes, une histoire de vol dans les réserves de la pharmacie….
Il m’a mise au lit, il est tellement préoccupé qu’il a oublié de me faire ces piqûres infâmes, une péridurale pour m’empêcher de marcher, des anesthésiants pour me bloquer les mâchoires…et toutes ces seringues avec lesquelles il parcourre les parties de mon corps qu’il veut immobiles …Un pantin inarticulé sans tirade,…Je ferme les yeux, je respire, je sens mon corps qui se réveille et mon esprit qui s’abandonne, l’attente est longue…Aucun bruit, juste ma respiration , mes muscles se réveillent, mais mon esprit a du mal à reconnaître ces sensations oubliées…

Il s’allonge enfin, je feins un sommeil artificiel, sa main soulève ma chemise de nuit à la recherche de mes chairs …J’ai du mal à retenir un gémissement quand ses doigts s’enfoncent en moi , je me supplie intérieurement pour que mon corps ne réagisse pas à ce nouvel assaut…Il se détourne brutalement et j’entends bientôt sa respiration rythmée d‘un sommeil lourd….


Le parquet craque sous mes pieds, mes mouvements hésitants résonnent dans la pièce, la lune éclaire la chambre, sur le lit son corps inerte endormi…

J’avance péniblement vers la porte … »Juliette!! « Mon cœur se glace, mon corps se fige un instant, fausse alerte, il rêve de cette vie factice . Très vite, comme dans mes rêves les plus fous, je parviens à sortir de la maison, la lune me surveille maternelle éclairant le chemin qui mène au village. Je n’ai aucune notion du temps, j’ai l’impression qu'il s’est accéléré qu’il faut que mes jambes me portent plus vite, plus loin de ce monstre….de cet être malade …

Je m’arrête à la première maison que je rencontre, je voudrais que ma respiration se calme, je m’assieds sur les marches qui mènent à la porte un instant, le jour commence à se lever, je suis à bout de forces…

Une porte claque, je me retourne, une vieille femme apparaît, dans ses bras un gros chat qu’elle caresse amoureusement. Son regard clair me fait venir les larmes aux yeux, elle s’approche doucement de moi, j'éclate en sanglots, ses bras frêles et décharnés m’entourent tendrement, elle me pousse lentement à l’intérieur de la maison, m’installe sur une chaise et disparaît.


***

Ma main cherche d’abord doucement puis nerveusement son corps, à moitié endormi, juste avant que la panique ne s’empare de moi je veux continuer à rêver d’elle et de ce baiser ….Pourquoi m’avoir repoussé,pourquoi s’est-elle mise à rire se moquant de ce baiser qui n’était un jeu? Pourquoi m’avoir dit qu’elle n’était pas vraiment fière de s’être servie de moi en m’assignant un rôle de doublure pour un baiser qui ne voulait rien dire. Je l’ai d’abord bousculée découvrant son corps voluptueux qu’elle tentait de cacher maladroitement sous son peignoir en coton, je lui ai alors déclaré mon amour, en essayant de lui ouvrir les yeux, mais sa bouche pulpeuse rythmait douloureusement le dédain …Mes mains se sont énervées, éperdues vers ma poche, la seringue, sa peau n’a pas résisté …Plus tard elle comprendrait que ce baiser, ce premier baiser elle me l’avait donné de son plein gré…L’amour suivrait….

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Message par Invité Lun 4 Avr 2011 - 21:21

Et un quatrième texte, du motard cette fois ci:

Le Motard a écrit:"Sombre baiser"


Déjà neuf heures, il faut que j'y aille, pas de panique de toutes façons François sera en retard.
La salle est vide, Isabelle a pensé à la réserver pour une fois, j'aime bien cette salle, un peu à l'écart du plateau, on peut y rêver sans risquer de voir passer les éternels accros du iphone, blackberry et autres smart phones quand ce n'est pas le PC tenu sur l'avant bras et l'autre main, telle un petit lutin malicieux et indépendant, jouant à chat perché sur le clavier tout en essayant de tenir son téléphone contre l'oreille avec l'épaule. Peut être qu'avec quelques siècles d'évolution nos descendants auront l'épaule gauche sur-développée et la main droite pourvue de doigts plus longs que la main gauche.
Je prends la chaise au fond, le mur derrière moi est opaque et je pourrai jouer, mailer, surfer tout à mon aise sans risquer un regard inquisiteur à travers la cloison transparente.

Au fait, je m'appelle Claude, 32 ans, cœur en jachère, mon dernier petit ami m'a quitté il y a un mois, il était beau mais pas très futé, nous étions ensemble depuis 6 mois et ce qui m'a plu au début a fini par me lasser, un petit peu trop musclor à mon goût. Bon c'est fini, j'ai pleuré, un peu (trois boîtes de kleenex, quatre tablettes de chocolat), finalement petit chagrin. Sinon j'ai les cheveux bruns coiffés en queue de cheval, des yeux verts en amande et un sourire craquant, c'est mon arme de séduction massive.

Je suis sous chef de produit dans ma boîte, une agence de pub, mon chef c'est François, c'est lui qui gère le contrat, les relations client, le budget, les annonceurs, moi mon truc c'est plutôt gérer les créatifs et autres graphistes, c'est là où le sourire est vraiment très très utile, car c'est quand même un univers de fous.
Voilà Isabelle, c'est une consultante en créativité, jolie blonde, fine, la quarantaine, s'habille un peu trop court mais dans notre univers où les jolies stagiaires pullulent c'est dur de lutter à armes égales, son petit tailleur rose bonbon est quand même bien craquant. On s'embrasse, je l'aime bien, c'est une femme sympa et dynamique qui ne se prend pas la tête, il vaut mieux dans notre monde en perpétuelle crise de nerf.
- Tu veux un café, me propose-t-elle
- On attend peut être le reste de la tribu
- François n'en prend pas et il va attaquer la réunion bille en tête alors le café...
- Tu as raison, je t'accompagne.

Je verrouille ma place, ordi, papiers étalés, feutres, depuis l'apparition de l'open space, les instincts primaires, certains diraient primates, ont repris le dessus, nous sommes revenus à l'époque où il fallait vraiment marquer son territoire avec palissades, têtes des ennemis fichés sur des pieux et autres signes. Autrefois on mettait sa plaque sur la porte, on la fermait et c'était le bonheur, sieste, jeux, papotages au téléphone et autres délices de la société post industrielle mais c'est le passé, bienvenue dans le monde sans pitié du plateau.

Nous revenons en papotant avec les cafés, entre temps Pierre est arrivé, je tends la joue, il pique. Pierre est un brun méditerranéen à la barbe dure même rasé de près. Sinon beau mec, tout à fait mon genre, j'adore les bruns minces et nerveux, vingt cinq ans, deux ans de maison, c'est un de nos jeunes créatifs. C'est assez drôle car il n'est pas du tout dans le dress code des créas, toujours très bien sapé, costard, cravate, il détone un peu, mais c'est un bon, vraiment brillant, il le sait et du coup il est un petit peu énervant, toujours l'air de prendre les autres pour des demeurés avec un petit sourire en coin et quelques phrases assassines sur leurs idées. Je m'en méfie, il doit vouloir monter vite et donc s'essuyer les pieds sur quelques sous chefs de produit pour prendre leur place ne lui fait pas peur. Je n'ai pas envie de faire le paillasson, surtout qu'il a de grands pieds toujours impeccablement chaussés. Il doit passer un temps fou à cirer ses chaussures, ce sont de vrais miroirs. C'est aussi un redoutable dragueur, œil de velours (oui je sais ça fait un peu cliché), beau sourire carnassier (re-cliché je sais), beaucoup de charme, c'est pour cela que je m'en méfie encore plus. Un certain nombre de jeunes et jolies stagiaires ont amélioré leur connaissance du monde de la publicité de manière plus, comment dire, approfondie avec lui.

Enfin François arrive accompagné de Marguerite, Maguy pour les intimes, enfin on devient très vite intime avec Marguerite, elle n'aime pas trop son prénom, dans notre milieu très Parigo-Bobo-Techno branché Marguerite fleure un peu trop la province profonde. Maguy c'est quand même mieux. Elle a un look très gothique aujourd'hui, noir total, petites mitaines résille, yeux charbonneux et lèvres noires, comme elle a un teint de porcelaine l'effet est saisissant. Elle change souvent de style, hier c'était plutôt princesse de Clèves, sa garde robe doit être assez dingue. Elle a la trentaine et du mal à se fixer, sentimentalement s'entend, si son humeur est harmonisée avec ses tenues c'est sûrement un peu difficile pour l'autre. C'est une de nos graphistes, elle parle peu mais souvent, il suffit de relier les bouts de phrase pour comprendre ce qu'elle veut dire, question d'habitude.
François, The Boss, le Geek speedé par excellence, toujours accroché au dernier joujou techno, oreillette en tête. On le croise souvent parlant et gesticulant tout seul dans les couloirs ou sortant des toilettes en hurlant, un jour il va oublier de fermer sa braguette et il va falloir lui téléphoner ou le mailer pour le prévenir. Grand éflanqué de près de deux mètres, habillé style trappeur ou bûcheron Canadien (au choix), chemise à carreaux, T shirt, pantalon style expédition au fin fond de Saint Ouen avec plein de poches où il range ses nombreux accessoires, une paire de boots un peu avachis et, le détail qui tue, les bras de chemise retroussés sur des avant bras où s'exhibe fièrement un tatouage "A ma maman, pour toujours" ....
Non je blague, c'est un signe chinois qui veut dire quelque chose de profond.

Ca y est, nous sommes tous là, je papote avec Isabelle en finissant mon presque bon café, merci les machines à dosette qui ont ouvert un espace de convivialité dans notre univers. Maguy finit de ranger ses nombreux feutres de couleurs et étale soigneusement ses pages blanches, au cas où ses talents de dessinatrice seraient mis à contribution, en fixant soigneusement l'écran de son ordinateur sur lequel s'affiche les dernières photos de ses vacances.

Pierre se concentre sur :
- le sujet de la réunion
- la dernière petite stagiaire
- ce qu'il va pouvoir dire comme vacherie et quelle sera la tête de turc
- la dernière paire de chaussure qu'il a vu en vitrine hier soir chez son chausseur préféré

Pierre est capable de penser à plein de choses à la fois, c'est son coté féminin, sûrement le seul.

C'est parti, François prend la parole et commence par lire l'agenda que nous avons tous reçu,
la veille à vingt deux heures trente.
- donner l'objectif de la réunion
- l'ordre du jour

et j'arrête là parce qu'en général la foire d'empoigne commence avant le troisième point de l'agenda.

C'est Pierre qui lance les hostilités :

- François, tu aurais pu envoyer l'agenda un peu plus tard, vingt deux heures trente c'est petit jeu, deux heures du mat cela aurait été plus in.
- Ouais, bon, ok, j'étais débordé, j'ai du finir une propal (proposition technique et financière pour les non initiés) en catastrophe pour Yves (Yves est le BIG BIG BOSS, y faire référence montre son importance) de toutes façons vous connaissez tous le sujet alors on va pas passer la nuit sur des points de forme.
Un partout, balle au centre.

Typique de Pierre, il a le chic pour mettre les autres en situation de défense en appuyant sur le point faible avec ironie.
Typique de François, on fait appel à Dieu le père pour assurer la défense.

Bon, j'ai pas mal de mails en retard, s'ils continuent comme ça je vais pouvoir en écluser quelques uns.

François qui a élégamment évité le premier missile relance pour voir.

- Isabelle, comment as tu prévu que l'on avance sur ce nom, je vous rappelle qu'il faut que l'on soumette une proposition demain matin. C'est toi notre experte en créativité.
- Je propose que l'on se focalise sur ce que le produit doit susciter comme envie chez le client potentiel, hommes d'un coté et femmes de l'autre
- Tu penses que des mecs peuvent avoir envie d'acheter ça, balance Pierre
- Bien sûr, comme cadeau réplique Isabelle
- Petit jeu répond Pierre
- Moi... dit Maguy
- Oui, répond le cœur
- Un cadeau, c'est un cadeau.

On est bien parti, je sens qu'à midi les pizzas vont être de sortie. Je vais regarder s'il y a d'autres pizza service dans le coin, les dernières étaient vraiment pas terribles. Alors, google, pizzas, l'adresse de la boîte et hop c'est parti.

- Claude, qu'est ce que tu en penses ? balance François
De qui, de quoi !!! rétablissement en catastrophe et passe de la patate chaude.
- Je pense que tu as raison (je ne sais plus ce qu'il a dit mais un chef a toujours raison), il est effectivement important de définir le consensus client qui nous permettra d'exprimer le sens profond du désir caché qui permettra l'acte d'achat à travers la psychologie du désir intime en tenant compte de la culture locale de la population visée par le marketing produit (ça ne veut rien dire mais en général personne n'ose dire qu'il n'a rien compris et le passage de la patate chaude peut ensuite s'effectuer en douceur, j'espère seulement qu'Isabelle, qui me connait bien, ne va pas pouffer) et dans cette optique Pierre qui connait bien ce marché devrait pouvoir nous apporter un éclairage intéressant (et hop au suivant).

Pierre me regarde d'un œil noir, il est bien mignon quand il est en colère, un petit chaton hérissé. Bon il faut vraiment que je pense à autre chose, au boulot peut être.

Isabelle qui a compris qu'à ce petit jeu la réunion va se terminer en bataille rangée reprend les rênes.

- Je vous propose d'exprimer sur deux colonnes ce qu'évoque pour vous l'objet, je le mets sur la table comme cela chacun l'aura à l'esprit. Une colonne homme, une colonne femme et lâchez vous.

Elle extrait délicatement l'exemplaire de son étui anthracite griffé de balafres rouge sang, le place, bien dressé, au milieu de la table et chacun le contemple d'un air pensif ou inspiré, c'est selon. C'est un bel objet, c'est normal, il faut qu'il suscite le désir d'achat, il a quelque chose de sensuel mais avec un petit coté presque viril, ce qui peut surprendre mais qui, à la réflexion, n'est pas mal trouvé compte tenu de la clientèle visée. Les designers ont vraiment fait du bon boulot, il va détonner sur le marché.

Et ça part dans tous les sens :

- obus
- douceur
- caresse
- sensualité
- mystère
- ébène
- volupté
- force
- ....

le tout ponctué de quelques fous rires, moues, remarques narquoises, chacun y va de son mot plus ou moins original, Isabelle note. Même Maguy finit par se lâcher, bon, un mot à la fois c'est dans ses cordes.

Au bout d'une heure, le flot se tarit, il faudrait fumer un joint pour relancer la machine mais c'est pas trop le genre de la maison et avec les alarmes incendie on aurait l'air fin.

Isabelle nous félicite pour le catalogue à la Prévert que nous avons établi, chacun secrètement espère que c'est son mot, son idée qui sera retenue au final, on a son petit orgueil quand même.
Elle associe ensuite les mots qui se ressemblent pour finir par dégager quelques grandes idées.

- Alors nous avons toute une série qui met en avant le coté noir, un peu viril, avec une touche de mystère, sûrement lié au choix des couleurs et de la forme et une autre l'aspect doux, sensuel, féminin. Ce sont les deux principaux axes.
- Pour la première idée, je propose obscur comme dans "La guerre des étoiles" le coté obscur de la force, lance François nourrit dès son plus jeune âge au lait du Jedi
- Obscur c'est un peu fort, peut être que sombre serait moins inquiétant, plus mystérieux, rétorque Pierre
- Pour le coté féminin, je mettrais bien caresse, baiser ajoute Maguy
Je me lance : "sombre baiser" ce serait pas mal.

Autour de la table des "mouais , ça claque, c'est nouveau " expriment les avis des uns et des autres, finalement François tranche, " c'est OK, ça me plait bien, je proposerai ce nom demain matin au boss.

Isabelle reprend l'objet de nos discussions entre ses mains, le caresse doucement du bout des doigts.
- je ne sais pas ce qu'ils ont mis comme matière mais c'est vraiment très doux, on dirait de la peau de pêche
puis fait jaillir le bâton de rouge à lèvre en tournant la base
- je crois que je vais le garder, c'est une couleur que j'aime beaucoup
et le range dans son sac.

En sortant je fais mon plus beau sourire à Pierre, j'espère qu'il ne m'en veut pas trop de l'avoir, disons, coiffé sur le poteau sur ce coup là.

En sortant de la salle je croise Henry, un balèze, amateur de rugby il m'interpelle.

"Tiens Claude si tu veux, passe à la maison samedi soir, on regardera ensemble la finale du championnat de rugby sur mon super écran plat avec les potes. Ce sera bien, j'ai fait la provision de bières et cacahouètes, Chloe sera au resto avec des copines et on sera....
entre mecs."

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Message par Invité Jeu 7 Avr 2011 - 10:59

Voici également un texte de kély:

kély a écrit:Nouvelle « Sombre baiser » pour Partage Lecture



J’ai dû m’y reprendre à deux fois pour nouer ma cravate, tant j’étais tendu et nerveux jusqu’au bout des doigts.

Karen et moi, étions invités à dîner chez Charles et Estelle, les parents de Claire.

Intérieurement, je souhaitais autant que je redoutais, cette rencontre, sans doute la dernière avant longtemps.



J’avais tellement lutté avec ma conscience durant ces six dernières années… Comment gérer mes souvenirs remplis de merveilleux, débordant de bonheur, de projets, dans lesquels tout était vie et avenir avec Claire ? Et comment continuer à vivre sans elle… pire…envisager une vie en dehors d’elle, pire… avec une autre ? Cet autre possible se nomme Karen.

Karen est si généreuse, tout, chez elle, est générosité, ses paroles, ses regards, ses gestes…

Bien-sûr, elle est physiquement l’extrême opposé de Claire, et tant mieux ! Je dis bien-sûr, car les souvenirs tricotés en mailles serrées avec Claire, sont si difficiles à défaire tout seul, et choisir « une autre Claire » aurait été une tricherie, un semblant de nouveau départ.



C’est la gorge serrée que j’ai embrassé Estelle, puis Charles, lorsque j’ai rencontré le profond regard de Claire. Elle m’a regardé, elle m’a sourit, elle est là, installée tout au dessus de la cheminée du salon.

Claire n’avait pas besoin de faire appel à ses lèvres pour marquer un sourire, son regard suffisait.



J’ai essayé de ne pas me laisser submerger, j’ai présenté Karen, un peu gêné, presque maladroit. Estelle et Charles lui ont fait tous deux un chaleureux accueil.



Le dîner n’a pas été pesant. Nous avons échangé tour à tour sur quelques sujets d’actualité, puis un peu plus longuement sur mon travail, mon nouveau poste récemment accepté, et qui inexorablement installerait plusieurs milliers de kilomètres entre nous. Chacun sachant, que la distance géographique faciliterait plutôt la distance émotionnelle.



La soirée touchant à sa fin, Estelle a souhaité m’entretenir en aparté.



- « Mon fils, je te remercie d’avoir accepté cette invitation, car je sais combien, il est difficile pour toi de venir ici, chez nous, ce qui a été chez elle aussi. Karen est une bonne personne »

- « Estelle, à mon tour de vous remercier. Vous remercier pour avoir fait de moi votre confident durant ces six dernières années. Vous remercier de ne m’avoir pas écarté de votre chagrin, et me laisser exprimer le mien. Vous remercier pour cette joie de vivre communicative que vous avez offerte à Claire. »

- Oui, Claire était une personne foncièrement heureuse, et lorsqu’elle t’a rencontré, elle a encore élargi son champ du bonheur, jusqu’à en faire un véritable domaine à perte de vue, sans limite. »



Mes larmes ont été de plus en plus difficiles à contenir, mais la dignité d’Estelle, désormais « privée » de son unique enfant, m’ont interdit à les autoriser à déborder.



- « Estelle, pardon pour ce choix de vie sans Claire ! »

- « Je comprends tu sais…Claire n’appartient à aucun monde défini aujourd’hui. Elle n’est ni morte…ni vivante ! J’ai, cependant, une démarche ô combien difficile à te demander, si tu penses en être psychologiquement capable bien-entendu »



Un moment silencieux s’est alors imposé de lui-même, chacun de nous ayant à faire face à une profonde crainte sur les propos à suivre.



- « Mon fils, est-ce qu’avant ton départ, tu peux aller lui dire au revoir ? Juste, au revoir… »

- « Oui, Estelle » ai-je dit presque sans hésitation, afin d’éviter de creuser encore notre chagrin commun, sachant qu’il s’agirait plutôt d’un « adieu » que d’un « au revoir ».



Sur le chemin du retour Karen, respectueuse et pudique n’a rien demandé. Elle a sans doute compris qu’il me restait la démarche la plus douloureuse à faire avant notre départ.



Le lendemain, avant-veille de notre voyage aller simple pour Karen et moi, j’ai pris le chemin de l’hôpital, que j’aurais pu faire les yeux fermés à force d’espoir journalier.



J’ai pensé à mes deux mille cent quatre vingt dix espoirs non récompensés…

J’ai une ultime fois franchi cette porte numéro 63. J’ai vu Claire, dormante, semblable à « la belle du conte de Charles Perrault ».

Je me suis approché, sans arriver à maîtriser mes tremblements, et j’ai déposé un baiser sur son front sans rides…J’ai eu la profonde conviction qu’il s’agissait là du « baiser le plus sombre » que j’aurais à donner…



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Message par Invité Dim 17 Avr 2011 - 23:04

Voici désormais un texte de maily7:

maily7 a écrit:sombre baiser

Vite, vite, il faut que j'aille plus vite...
J'entends ces pas....
Non, ne te retourne pas, tu vas perdre ces quelques secondes qui te sont indispensables pour le semer.
Il faut juste arriver au coin de la rue, et il ne pourra pas te retrouver dans cette foule.
A moins, que je n'ai envi qu'il me rattrape ...
... Arrête de réfléchir et cours ....

Quelques heures plus tôt


- Dis moi, ça ne t’intéresserait pas de venir voir le défilé avec moi, me demanda Lauren.

Lauren est mon amie depuis ... au moins des lustres ... On est aussi complémentaire qu'inséparable. Elle est grande, de longs cheveux blonds, et une allure époustouflante.

- A vrai dire, pas vraiment. Tu sais, que je dois retrouver Will ce soir. Une soirée en amoureux, je t'en ai parlé, il y a 2 jours ...

- Allez, s'il te plait, décommande. En plus, promis, on ne rentrera pas tard.

- Écoute Lauren, un autre soir d'accord? On a prévu un resto avec Will depuis 3 semaines. Tu sais qu'on se voit peu en ce moment.

- Et bien justement, lui, il ne se gène pas pour te laisser en plan. Réagis ma grande, tu vas finir comme toutes ces femmes qui restent chez elle, en attendant que Monsieur rentre. De toute façon, depuis que tu as rencontré Will, tu ne veux plus rien faire ... maugréa t elle.

Elle n'avait pas tord. Ma relation avec Will me prenait beaucoup de temps,... tout mon temps libre, en fait. Même si ces derniers temps, il se montre quelque peu distant, et qu'il n'hésite pas à sortir avec ses potes, lui.

- Pas ce soir. Mais promis, je t'accorderai plus de temps , mais ...

- Pas ce soir, j'ai compris, ... et elle raccrocha.

Je crois que je l'avais fâchée. Ça lui passera après tout. On ne va pas en faire une histoire, quand même, ce n'est pas un drame.
De toute façon, je n'avais plus le temps à tergiverser. Will devait passer me prendre dans une heure, et je n'avais pas commencé à me préparer.

J'étais en train d'enfiler ma toute nouvelle robe, lorsque le téléphone sonna. Je vis que c'était Will qui m'appelait. Ce n'était pas bon signe ..

- Salut Chéri, lui dis je en répondant.

- Coucou Julie. Écoute, je vais devoir décommander pour ce soir. J'ai un imprévu au boulot, et je vais rentrer tard.

- Et bien sur, ton imprévu est tombé il y a 2 minute30, c 'est pour cela que tu m appelles 5 minutes avant notre rendez vous.

- euhhh non, je l'ai su ce matin, mais ...

-oui, j'ai compris, laisse tomber. Passe une bonne soirée, et je raccrochais.

Je me fâche avec Lauren à cause de lui, et Il me pose un lapin. Cela fait six mois que ce jeu dure. Il commence sérieusement à m'agacer, et je me pose de sérieuses questions à notre sujet!
Bon, et je fais quoi, maintenant ... Je suis prête à sortir, et me voila en tête à tête avec la télé ...

Je pris le portable et composais le numéro de Lauren.

- j'arrive dans 10 minutes. ça tient toujours le défilé ? je lui dit,ne lui laissant pas le temps de dire quoique ce soit

- euh, oui, mais ...

- tu es chez toi ?

- oui, mais il faut que je te dise ...

- j'arrive.

Et voila, comment je me suis retrouvée à courir dans les rues ... enfin à m'enfuir plutôt.
Si seulement elle m'avait dit que Martin était venu lui rendre visite avec Bastien.
Martin, le petit ami de Lauren, est très sympa. Seulement, son copain Bastien est particulier ...
Il a une emprise sur moi, que je n'aime pas du tout, enfin non, que j'aime trop plutôt.
Je me sens comme ensorceler en sa présence. Et c'est ce qui me met mal à l'aise.
Mon cœur s'emballait en sa présence, un peu comme une adolescente qui connait son premier amour, alors que j'avais passé l'age et surtout je n'étais pas célibataire.

Je me retrouvais donc dans une tenue plus que sexy en face de l'homme qui représentait le plus dangereux des dangers pour mon couple.
Bon, et bien, il faut juste que je l'évite ou que je reste à une distance raisonnable, et tout devrait bien se passer.

Après quelques verres et discussions animées, nous nous décidâmes d'aller au défilé.
Les chars de toutes les couleurs, se succédaient. danseurs et chanteurs animaient le tout.
Une ambiance de fête et de joie se rependait dans la rue. Les comédiens choisirent Lauren et Martin, et les entrainèrent dans le cortège.

C'est ainsi que je me retrouvais en tête à tête avec Bastien. Je me retournais vers lui en lui lançant un regard interrogateur, qui voulait dire "euh, on fait quoi maintenant".Amusé, il me fit un sourire des plus enjôleurs, auquel je ne pus m’empêcher de répondre.

Un mouvement de foule nous interrompit , et nous nous retrouvâmes embarqués dans le flot des participants. Il me prit pour la main, s'assurant ainsi que je resterai avec lui. Au fur et à mesure que le temps passait, je me détendis, et me mis à nouveau à recommencer à profiter de la soirée. A bien y repenser, il dut s'en apercevoir car sa façon d'être avec moi avait subtilement changé, des effleurements anodins qui n'en étaient pas réellement.

Et moi, je ne vis rien venir : ne m'étant pas amusée à ce point depuis des mois. Je profitais juste de l'instant.

Nous réussîmes enfin à sortir de cette vague humaine, histoire de reprendre notre souffle.
Je riais, lorsqu'il s'approcha de moi. Je ne fis rien pour le repousser. Je le regardais comme il me regardait. Le temps semblait suspendu. Il s'avança doucement, comme pour me laisser le choix ... mais, j'étais comme anesthésiée, incapable d'arrêter ce moment magique qui naissait entre nous.
C'est alors que nos visages si proche se rejoignirent, pour un doux baiser. Il fit rapidement place à un autre beaucoup puis passionné ....

Je ne me ressaisis qu'après 2 ou 3 minutes, me rendant compte de ce que je faisais. En le regardant hébétée, je tournais les talons, et me mis à courir pour retrouver les badauds.

Ce baiser venait d'assombrir ma relation avec Will. Non seulement, je venais de franchir une limite impardonnable, mais surtout, j'avais aimé ce baiser, et au fond de moi, je savais que ma vie venait de prendre un virage, que je n'étais pas prête d'oublier ...


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Les textes de 2011 Empty Atelier d'écriture de mai-juin 2011

Message par Invité Mer 4 Mai 2011 - 20:54

Et voici déjà un premier texte de morag:


morag a écrit:A minuit, la flamme s'éteindra.

23h00
. La lueur apparaît derrière le rideau épais. L’ombre se met en mouvement ; et je suis là, tapie dans le noir au fond de mon fauteuil, le souffle court.
Les images du bal de la veille me reviennent. Lorsqu’il m’a invité à danser j’ai sondé son regard à la recherche d’un sentiment quelconque, mais cet homme reste un mystère. Il me semble qu’il recherche ma compagnie un peu plus chaque jour, mais lorsque je m’approche un peu il me fuit.
Que fait-il derrière ce rideau, à la lueur de la bougie ? Pendant une heure je le devine, qui va et vient à travers la pièce. Cela dure depuis une semaine. Je m’amuse parfois à l’imaginer, concoctant de terribles poisons, cachés du regard de tous –ou presque- dans sa petite chambre secrète.
Où mettant en place un plan diabolique pour arracher une belle aux griffes de sa terrible famille, affrontant son redoutable père pour l’enlever et l’emmener au-delà des mers vers des contrées lointaines. Mais tous cela sort de mon imagination bien trop nourrie par les nombreux romans qui peuplent ma bibliothèque. Il raierait sûrement de tant d’enfantillages !
23h15. Je l’observe toujours depuis ma cachette. Son ombre grandit au fur et à mesure qu’il approche de la fenêtre. Je scrute sa silhouette élancée, ses épaules larges et sa tête haute. Lorsque le rideau s’écarte je retiens mon souffle. Son visage est à contre jour mais ses traits réguliers sont éclairés par les rayons de la lune. Ses yeux brillent sous d’épais sourcils, mais il à l’air préoccupé.
Je me surprends à m’imaginer en train de le rassurer, le prenant dans mes bras. Le rideau se referme sur mes rêves les plus fous, et le voilà redevenu une ombre.
23h30. Il s’est apaisé. Il me semble qu’il est assis à présent, peut-être sur le bord du lit ? Où devant le petit bureau en face de l’armoire ?
Le jour de notre rencontre me revient en mémoire et je me surprends à sourire. Parti à la chasse avec mes frères il avait essuyé une cuisante défaite après une course folle à travers les bois. Lorsqu’Edouard lui avait crié de se méfier du marécage à la sortie de la forêt il était trop tard, et le pauvre homme avait fini la tête la première au milieu de la vase et des grenouilles apeurées. Il était alors revenu dans une colère noire, couvert de boue de là tête jusqu’aux genoux. C’est en essuyant la boue de son visage que j’ai croisé son regard d’un bleu profond pour la première fois. Cela n’a guère duré qu’une demi seconde, mais il s’est calmé, m’a remercié gauchement et m’a congédié ! C’est comme ça qu’a commencé notre relation si compliquée. Aujourd’hui, 6 mois plus tard, il me parait si proche et à la fois si inaccessible !
23h45. Mon cœur se serre. Cela fait déjà trois quart d’heure que je suis là, et pourtant cela m’a parut être une minute. Il ne reste plus beaucoup de temps… A minuit la flamme s’éteindra, et j’irais me coucher, troublée et frustrée.
00h00. Le mouvement soudain de son ombre me coupe dans mes pensées. Mon ventre se noue. La flamme vacille avant de s’éteindre. Tout redevient calme, le noir m’enveloppe et c’est au bout de quelques minutes que le froid me gagne et me pousse vers mon lit. Sa silhouette est toujours là lorsque je ferme les paupières, mais au fil des secondes elle s’estompe déjà.
Cher Monsieur Grant… Je souhaite que vos activités nocturnes à la lueur de la bougie ne cessent jamais. Car si je ne peux que rêver de vous, alors j’aimerais qu’il n’y ait pas de limites à mes songes.

C’est en m’éveillant au petit matin que je découvris une enveloppe sous ma porte. Un coup d’œil suffit à reconnaître son écriture fine et soignée.
A ma douce et tendre amie…

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Message par Invité Jeu 5 Mai 2011 - 22:57

Et voici un second texte, de Mounain celui-ci:

Mounain a écrit:A minuit, la flamme s'éteindra, lui avait-on dit, et ce mot avait résonné dans ses oreilles, lointain, comme provenant d'un autre monde. La fin du monde, c'était donc bien pour cette nuit, celle qui avait tant fait parlé d'elle, en 2000 et maintenant en 2011. Ah, ils pouvaient toujours s'enorgueillir, les mayas, la fin du monde ne se produira pas en 2012. Il le savait déjà de toute façon, et regardait non sans un certain mépris leur prévisions. Mais maintenant, que faire? Vivre, surtout, il faut vivre, brûler tout ce qui peut rester de cette existence. Arthur prit sa voiture, roula à vive allure retrouver sa fiancée, avec la ferme intention de terminer cette journée par une étreinte passionnée. Sitôt Alvira en vue, il se déshabilla, elle l'imita, et rien ne les dérangea plus dans leur plaisir. Tout semblait si loin, à présent, mais quand Arthur recouvra enfin ses esprits, la solitude était la plus forte. "Qu'est-je accompli de ma vie?"se demandait-il. La réponse lui arracha le cœur: rien. Il n'avait rien construit. Tant de beaux projets avec Elvira, tant d'ambition professionnelle, tant de désir de pouvoir, un jour, partir dans d'autres contrées pour venir en aide aux plus démunis. Les plus démunis, maintenant, seront exactement semblables aux autres, un ramassis de chair humaine en décomposition. Finalement, quel sens pouvait donc avoir la vie? Ensemble, ils burent, pour échapper à cette question, jusqu'à être dans un état tel que les premières explosions nucléaires aperçues à la télévision lui semblaient tout à fait hilarantes. Signe du progrès, qu'ils disaient, absence d'électricité sans cela, et donc absence de technologie. Leur technologie, maintenant, ils vont mourir avec, pensa-t-il, et cette idée le fit rire, rire... La décadence se lisait sur ses traits.

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Message par Invité Jeu 5 Mai 2011 - 22:59

Et un troisième texte de Chichie (qui demande qu'on l'excuse: elle écrit depuis un qwerty, ce qui explique l'absence de certains accents).

Chichie a écrit:A minuit, la flamme s’éteindra, il viendra et il sera alors trop tard... Je dois fuir avant. M’échapper. Trouver cette issue que je cherche sans relâche depuis qu’il m’a eu. Ne pas paniquer, être méthodique. La faible lueur de la flamme n’éclaire qu’une infime portion de la cave ou il m’a jeté, avant d’en cadenasser la porte. Je dois trouver un moyen, il y a surement un moyen. Si seulement, j’avais averti les autres au lieu de me croire le plus fort… Je pensais que j’en viendrai à bout facilement, que David gagnait toujours face à Goliath. Quel idiot j’ai été ! Ce n’est pas Goliath qui vient de me faire prisonnier, ce doit être Satan en personne ! J’entends son rire à travers la lourde porte de chêne, cela me glace les sangs. Ce n’est pas un rire humain, c’est impossible, mais quelle est donc cette chose ? Non, ce n’est pas le moment d’y penser, je dois fuir, absolument, car a minuit, la flamme s’éteindra…
Déjà, la hauteur de la bougie a diminué de moitié. Les ombres fantomatiques que la flamme projette sur les murs de pierre me rappelle cet Halloween que nous avions fêté tous ensemble dans cette vieille bâtisse abandonnée. Tout allait bien à cette époque. Tellement bien que nous nous amusions à nous faire peur car nous ne risquions rien. Si nous avions su alors, ce qui se préparait… J’ai froid. La pièce est humide. Et cette bougie qui n’en finit pas de se consumer et qui montre le temps qui s’écoule irrémédiablement… Depuis combien de temps suis-je ici ? Est-ce que les autres se sont rendus compte de mon absence et auront compris ? Sont-ils à ma recherche ? Tous ensembles, nous aurions peut-être vaincu cette chose, mais j’ai été bien fou de penser le battre seul…
La pièce est petite, mais les murs sont très hauts. Impossible de voir le plafond. Ni aucune issue, mise a part cette maudite porte par laquelle il viendra me chercher toute à l’heure. Peut-être y a-t-il une ouverture en hauteur, au niveau des ténèbres que la bougie n’arrive pas à percer ? J’essaye à nouveau d’escalader le mur, sans grand succès. Les pierres sont lisses et humides, cela glisse. Je m’arrache les ongles à essayer de m’accrocher à cette paroi. Qu’importe ! Cela ne peut pas être pire que ce qu’il risque de m’arriver lorsqu’il viendra me rechercher. La bougie a encore diminué, je dois y arriver. Non, décidemment, l’escalade de ce mur est impossible. Malgré tous mes efforts, je n’ai pas du parcourir plus d’un mètre. C’est sans espoir…
Un bruit ? Non, une absence de bruit, son rire a cessé de résonner. Des bruits de pas, il se rapproche. Que faire ? La bougie est presque éteinte, il arrive. Un bruit de trousseau de clefs, le cadenas que l’on déverrouille, la chaine que l’on retire. La porte s’ouvre, sa silhouette monumentale apparait tandis que j’essaie vainement de reculer dans le coin le plus sombre. Si seulement, je pouvais me confondre avec les pierres… Il se remet à rire de son rire inhumain, tandis que la bougie finit de se consumer. C’est la fin, ma fin ! En un quart de seconde, il est sur moi. Je sens la poigne de sa main sur mon bras qui m’attire. Je ne peux pas le laisser m’emmener, mais que puis-je faire ? Je me débats, je me mets à hurler :
- Nooooooooonnn !......
Soudain, je me retrouve en sueur assis sur mon lit. Mon cri m’a réveillé. Un rêve ? Etait-ce vraiment un rêve ? L’humidité de la pièce, le rire démoniaque du monstre, la sensation de sa main sur mon bras… Tout semblait si réel, je n’arrive pas a y croire. Pendant que mon rythme cardiaque diminue un peu, je ressens comme une brulure au niveau de mon bras : une trace rouge y apparait nettement, la trace d’une main, puissante, énorme, la trace de sa main ! Je dois prévenir les autres. Tout de suite. Ce n’est pas fini…


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Message par Invité Mar 10 Mai 2011 - 21:29

Et voici un texte supplémentaire, de Nephtys cette fois ci Smile.

Nephtys a écrit:La Légende de Prométhée


Rappel de la légende de Prométhée :

Selon la légende, Zeus condamna Prométhée à un terrible supplice pour avoir voler aux Dieux le secret du feu afin de le donner aux Hommes… Attaché à un rocher pour l’éternité, le jeune homme verrait son foi déchiqueté chaque jour par un aigle. Il vivrait néanmoins et serait forcé de vivre cette torture chaque jour, pour le restant du règne de l’Humanité….


De Prométhée à Zeus :

« « A minuit la flamme s’éteindra », disais-tu… Je ne puis demander aux Dieux d’en être témoins, mais que les hommes le soient ! La flamme durera, les Hommes et leurs descendants vivront de sa chaleur. L’Olympe n’a plus le monopole du feu. Je leur ai offert ce présent, au nom du cœur, mais surtout au nom de la Vie.

Et toi, Zeus, condamne-moi si tel est ton désir. Alors que l’Aigle chaque jour me dévorera vivant, alors que tu attendras mon supplice et mes cris agonisants de souffrance, je ne pourrai que rire ! Quand bien même je mourrai face à chaque aube que ta grandeur fera naître, je me réjouirai de savoir qu’ils vivront de la chaleur que tu leur as refusée.

Et c’est moi que l’on accuse de trahison ! N’as-tu donc aucune honte, aucune pitié, toi, le maître de tous les Dieux, de tous les Hommes !
Tu dis les aimer, mais chaque matin, tu comptes ceux de tes Fils qui succombent à la terrible morsure d’un froid qu’ils ne peuvent affronter. Tu dis les avoir créé pour les voir libres. Mais mourir est leur seul choix possible.

Tu me condamnes de leur donner ce secret, monopole accablent de dieux qui n’en ont guère l’usage. Car si le Feu est votre jeu, il n’en est pas moins leur survie !

Cependant j’accepte de bon gré ton châtiment pour deux raisons : d’abord, ce vol est réfléchi, et je suis prêt à mourir chaque jour si cela a pour conséquence de sauver des milliers d’Hommes chaque nuit.
Ensuite, je les imagine soufflant la braise et faisant rougeoyer les flammes en se disant : «Prométhée nous offre de vivre tandis que Zeus nous obligeait à survivre… »
Ma condamnation n’est rien d’autre que ton discrédit. Ils t’aimaient comme je te craignais ; Ils m’adulent comme je te méprise…

Tu voulais des guerriers sans leur donner d’arme… Je leur donne l’Arme, quitte à mourir par elle ! A chacun son choix, père. Je ne regretterai jamais le mien.

Mais si malgré tout je devais avoir un regret, ce serait celui-ci : j’ai été jugé coupable de trahison, par celui qui, du fait de ses choix, à inventé la traitrise…. »

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Message par Invité Jeu 12 Mai 2011 - 21:15

Et voici le texte de maily7 Smile.

maily7 a écrit:Matthieu, mon cher Matthieu,

La cire s'écoule lentement,
La mèche se consume doucement.
A minuit, la flamme s'éteindra ... tout comme nous.
Cette bougie, c'est nous :
De toute beauté lorsque, pour la première fois, elle s'est mise à s’éclairer,
Resplendissante ensuite dans son photophore, la flamme colorée, et dansante au gré de la brise légère,
Et enfin, timide, triste, prête à s'éteindre.
Son histoire est un peu notre histoire.

Notre rencontre a illuminé ma vie, lui a redonné tout son sens
Notre vie était faite de joie, d'amour, et de tendresse
Nous dansions nous aussi, nous aimions la vie ... nous aimions notre vie ... nous nous aimions
et maintenant ...

Comment en est on arrivé la?
En cet instant, la bougie éclaire ce qui reste de nous de sa flamme timide : tout s'assombrit progressivement autour d'elle.
Comme cette flamme vacillante, prête à disparaitre ....
Nous nous déchirons, nous nous éloignons, nous nous éteignons ...

Par ces mots, par cette lettre,
Nous nous évanouissons.
Notre flamme s'est consumée,
Notre avenir commun s'est éteint.
....
Matthieu, la flamme s'éteint maintenant.
.....
Adieu.


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Message par Invité Ven 13 Mai 2011 - 22:08

Et voici un texte de plus! Ecrit et offert par Cassiopée Very Happy

Cassiopée a écrit:Insignifiante, je suis insignifiante …
Vous savez, genre « personne ne me remarque, personne ne me voit… »
Quelconque quoi …
J’essaie de me grandir, de faire en sorte qu’on me remarque mais rien…
Seule ou noyée dans un groupe, je crois que c’est pareil, c’est comme si je n’existais pas !

Pourtant, hier, il m’a semblé que …
Mais chut ! … Il revient ….

Il m’a semblé que ses yeux effleuraient ma silhouette, que ses mains allaient se rapprocher et puis non, il est parti s’asseoir plus loin, silencieux.
Je reste seule, à l’espionner, à le manger des yeux, cachée dans la pénombre.

Perdue au milieu du groupe, je me demande bien ce qu’il faudrait faire pour que ce soit moi qu’il regarde, moi qu’il approche, moi qu’il observe, moi qu’il choisisse … Si seulement, si seulement, je pouvais être l’élue de son cœur !
Même pas longtemps, même qu’un tout petit peu, même qu’un instant … juste comme ça pour goûter au bonheur … pour voir ce que c’est d’être choisie, aimée pour soi …

Les jours passent, il revient souvent mais ne me remarque pas …

Et puis, et puis, mon cœur s’emballe, il est là, il me regarde, il me semble qu’il me parle, qu’il tend la main …
Je n’en peux plus, il me touche à peine pourtant …. mais déjà je sens mon cœur, mon corps qui « fondent », je suis heureuse, si heureuse ….
C’est comme si je n’avais vécu jusque là que dans un seul but, celui de cette rencontre …

Il est devant moi, les mains jointes devant sa robe de bure, il prie….Je fais tout pour tenir encore et encore, pour illuminer ce moment de grâce que je vis avec lui …

Le temps passe, il est minuit, je me meurs ….

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Message par Invité Dim 5 Juin 2011 - 21:00

Encore un texte!!!

Ecrit par Voyager-en-Lecture, je vous laisse découvrir Very Happy Very Happy :

Voyager-en-Lecture a écrit:A minuit la flamme s’éteindra.

A l’heure où vous lirez cette lettre, je ne serais plus là.
Pourtant, j’ai essayé, je vous assure. J’ai essayé de vivre sans lui. J’ai tenté de me relever mais je n’ai fait que lutter contre son absence.
J’ai fait, comme vous me le dites souvent, j’ai fait comme s’il était mieux là où il est. Le problème, c’est que sans lui, je ne vaux plus rien. Quand je me suis mariée « à la vie, à la mort », je pensais à la nôtre. Pas juste à la sienne, ni juste à la mienne. A notre mort.
Je pense que vous savez où je veux en venir. Je ne peux pas vivre sans lui. Je ne veux même pas vivre sans lui. Il me donnait des sourires, il gommait mes soupirs. Il était mon évidence. Pourquoi continuer à vivre si plus rien ne semble évident ?
Je me sens incomprise depuis qu’il s’est envolé parce que personne ne peut se mettre à ma place. Vous êtes plein d’attention, plein d’amour envers moi mais je ressens votre tendresse comme des coups. Parce que ce n’est pas à vous de me câliner, pas à vous de me consoler de ma douleur. C’est à lui. A lui qui n’est plus là.

Si vous saviez comme j’ai essayé de faire face. Au point de ne plus m’écouter, au point de me mettre le corps, le cœur à l’envers. Je voulais oublier, je voulais être loin. Comment j’ai pu croire que je pourrais oublier toute une moitié de moi…
Vous ne comprendrez jamais à quel point j’ai mal et je ne vous le souhaite pas. C’est bien pire que tout ce que vous pouvez imaginer. J’ai toujours cru qu’une telle douleur entrainait la mort. Au fond, c’est presque la vérité.
Vous continuez à avancer, vous mangez comme vous pouvez, vous dormez comme vous pouvez mais vous vivez sans vie. Oui, c’est ça. Je vis sans lui, je vis sans vie.
Je n’ai plus envie d’avancer. Plus envie de faire des efforts pour aller mieux. Je ne veux pas aller mieux de toute façon, je veux juste être auprès de lui.
Parce que chaque matin, dès que je me réveille c’est l’amnésie. Je tends le bras, je ne le touche pas et je dois alors comprendre qu’il n’est plus là. Chaque matin, c’est la même douleur qui recommence, la même claque de manque que je me prends en plein visage.

C’est pour cette raison que la journée de demain ne commencera pas car à minuit la flamme s’éteindra. Et le seul fait de le retrouver me donne le sourire que j’avais perdu depuis longtemps.


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Message par Invité Lun 6 Juin 2011 - 21:27

Cet atelier se révèle décidément bien productif, puisque voici désormais un texte d motard:

Le Motard a écrit:Il est vingt heure, la salle se remplit doucement, les gens s'installent petit à petit. On sent les habitués qui vont d'un pas ferme et décidé vers leur place habituelle, se mettent à l'aise. C'est vrai que la salle est très bien chauffée, c'est peut être fait exprès pour accélérer le mouvement et rendre les gens plus nerveux. Et puis il y a ceux qui viennent pour la première fois, on les voit hésiter sur le seuil, un peu intimidés, juger de la distance à l'estrade, discuter entre eux quand ils sont deux, aller et venir, s'installer et vérifier qu'ils ne sont pas gênés par un poteau, une tête. Ils ont, pour la plupart, le catalogue entre les mains, certains juste quelques feuilles glissées dans la poche ou le sac à main.

C'est une vente aux enchères, dans la petite ville où a vécu ma grand mère, "mamie". Mes parents, enfin tous ses enfants, ont décidé de céder une partie des objets lui ayant appartenu car sa maison est vendue.
J'y ai passé tant de vacances, d'été merveilleux, à m'amuser avec mes cousines et cousins, c'est un peu de mon enfance qui va être dispersé ce soir. Je n'étais pas là quand la décision a été prise, je suis étudiante à Paris, je ne l'ai su qu'à mon retour au bercail, mes parents craignaient un petit peu ma réaction, je peux être féroce quand je suis en colère. Finalement je l'ai bien pris, sur le moment, mais là je sens poindre un petite boule d'angoisse au fond de ma gorge.

La salle est pleine, il y a plusieurs lots mis aux enchères, les objets de ma grand mère n'en constituent qu'une partie. Le commissaire priseur s'éclaircit la voix, vérifie que le micro fonctionne, "un, deux, trois ...".
La vente commence, c'est la première fois que j'assiste à ce spectacle, j'ai en tête les images de vente dans les grandes salles vues au cinéma où des milliardaires se balancent des millions de dollars à la tête pour acquérir un Rembrandt ou un vase Etrusque. Rien de tel dans cette petite salle, se sont plutôt des dizaines d'euros qui volent au dessus de nous et les objets trouveraient leur place dans la cuisine ou la chambre d'un petit pavillon de banlieue plutôt que dans le gigantesque salon d'un superbe loft sur Central Park.
Mais l'ambiance est là et la fièvre monte entre les acheteurs qui se disputent un objet repéré sur le catalogue.
Soudain le commissaire priseur annonce :
" Vente du lot n°5 ". C'est celui de ma grand mère.
Le premier objet est une horloge comtoise. Mon esprit s'évade et vogue à travers l'océan de mes souvenirs. Elle trônait dans la salle à manger, j'étais fascinée par le mouvement du balancier et je pouvais passer des heures à la regarder, allongée sur le ventre, à voir ma frimousse se refléter sur le miroir doré. Mamie m'avait raconté que le balancier était le grand bras de l'horloge qui ramassait le temps, un coup à droite, un coup à gauche et le ramenait pour l'offrir aux humains. "Sans le temps nous n'existerions plus, nous n'aurions plus d'age alors qu'avec lui nous pouvions savoir où nous en étions sur l'échelle de la vie", avait elle répondu à ma question enfantine "à quoi ça sert le temps ?".
Je sens poindre les larmes. Ce n'est qu'une horloge, semblable à tant d'autres, mais à mes yeux elle a été le témoin de tant de petites joies qu'elle a rythmées de son tic tac qu'elle en est devenue presque vivante.
"Adjugée, vendue"
Ses mots me frappent comme une gifle. Je redescends sur terre, il faut que je me fasse une raison, quelque part cette vente m'aide à faire vraiment le deuil de ma Grand Mère, je n'avais jamais ressenti ce manque d'une telle façon, même lors de son enterrement.
La vente continue, les objets défilent, chacun apportant son petit souvenir, moment de joie ou de colère d'enfant.
" Un bougeoir en métal argenté"
Je l'avais oublié celui là et pourtant quel merveilleux souvenir. Je venais de perdre ma première dent. Le soir, au moment de me coucher, Grand Mère arrive avec le bougeoir et me raconte :
" Ma chérie, tu connais l'histoire de la petite souris
- oui, Mamie, Chloe m'en a déjà parlé, elle est venue la voir quand elle a perdu sa première dent
- et bien, pour toi aussi, cette nuit la petite souris va venir chercher ta dent et te faire un cadeau en échange
- mais qu'est ce qu'elle en fait de ces dents ?
- elle en fait un collier pour offrir à la reine des souris
- mais, Mamie, la reine doit avoir plein de colliers
- tu sais c'est surement une reine très coquette"
Cette réponse me laisse perplexe, j'imagine une énorme souris blanche avec des montagnes de colliers en dents.
" Ma chérie, tu vas mettre ta dent sous l'oreiller et la petite souris viendra la chercher cette nuit
- mais comment la petite souris saura qu'il y a une dent ?
- je vais allumer la bougie et ainsi la lumière indiquera à la petite souris qu'il y a une dent dans la maison"
Ma Grand Mère allume la bougie, vérifie que la dent est bien sous l'oreiller, me borde et m'embrasse.
Bien sûr, j'essaie de ne pas m'endormir dans le secret espoir de voir la petite souris, parce que quand même tous ces colliers, c'est étrange, je lui demanderai bien ce qu'elle en fait vraiment.
Et bien évidemment, je m'endors hypnotisée par la flamme qui ondule et crée un univers peuplé d'ombres mouvantes dans ma chambre.
Le lendemain matin, la dent a disparu et, à la place, un joli petit paquet m'attend.
Un jour je connaitrai la vérité, mais ces nuits à espérer surprendre le petit messager resteront parmi les moments les plus merveilleux de mon enfance.

Mes yeux sont noyés par les larmes, je n'ai rien vu venir, moi la jeune femme émancipée et affranchie, je n'en ai même pas honte. Sans réfléchir je lève le bras.
"Désolé mademoiselle, l'enchère se termine à l'instant, vous n'avez pas entendu la clôture ?
le bougeoir a été adjugé à ce monsieur"
A cet instant un jeune homme brun me regarde en levant légèrement le bras. Je ne dis rien, c'est trop tard. Je me lève et m'enfuis, une fois dehors sous la nuit étoilée je repense à elle. Tous ces objets m'ont permis, une dernière fois peut être, de retrouver en moi tous les instants de bonheur que nous avons passés ensemble. Je ne regrette pas d'être venue.

Je suis de retour à Paris, c'est la fin de la journée, je flâne dans mon studio en écoutant de la musique. Soudain, quelques coups à la porte, je n'attends personne.
" Oui, qui est ce ?
- bonjour, je m'appelle François Debrocq, nous nous somme aperçus à la vente aux enchères, c'est moi qui ait acheté le bougeoir"
J'ouvre en grand, le jeune homme brun se tient devant moi, un paquet à la main, ses yeux noisettes brillent et un joli sourire éclaire son visage.
" Entre donc, je suis un peu surprise
- je comprends, voilà c'est pour toi"
et il me tend le paquet. Je sais immédiatement de quoi il s'agit, nous allons nous assoir sur le canapé, je déchire le papier et le bougeoir, brillant comme un sou neuf, luit doucement dans ma main. Je détourne le regard, mes yeux sont humides.
" Ce n'est pas dans mes habitudes de pleurer devant des inconnus
je ne sais pas quoi dire, je suis ...... tellement émue"

Je reste un long moment à contempler le bougeoir, je le tiens comme si ma vie en dépendait.

"Mais pourquoi ?
- je t'ai vue tellement triste ce soir là, j'ai immédiatement compris que je venais de prendre un objet qui était très important pour toi. Tu es partie si vite que je n'ai pas réussi à te rattraper.
J'ai alors fait ma petite enquête, c'est une petite ville, tout le monde se connait, il m'a été facile de retrouver ta trace et ton adresse à Paris. Chloe est une vieille amie, nous étions au collège ensemble.
- tu connais Chloe, c'est fou, je ne sais pas comment te remercier, mais en attendant je t'invite à diner, si tu es libre
- Ne t'embête pas, tu as peut être envie d'être tranquille ce soir
- Ah non, on va fêter ça, il doit me rester des pâtes, de la sauce tomate et de la glace je vais nous faire un petit diner, en plus il me reste une chandelle pour le bougeoir"

Nous faisons plus ample connaissance autour de la table avec une bouteille de vin. Je lui raconte l'histoire du bougeoir, de ma Grand mère et de la dent de lait. La flamme met des paillettes dorées dans ses yeux et son sourire est de plus en plus charmant. Minuit approche et je verrai enfin la chandelle s'éteindre, alors peut être que la petite souris m'apportera le plus beau des cadeaux au creux de mon oreiller.

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Message par Invité Mer 8 Juin 2011 - 22:20

Et un texte de plus!!!

Ecrit par Odile, qui nous parle énergie... Smile

Odile a écrit:Il faudrait que je m'endorme, demain la journée sera longue, mais des souvenirs que je croyais oubliés remontent par vague et chassent le sommeil, des bribes de ma vie me reviennent en mémoire : je me doutais bien que le retour dans cette ville, quittée à l'adolescence, ne me laisserait pas indifférent.
Je me souviens très bien de ce 12 mars 2011, je m'apprêtais à souffler les 10 bougies de mon gâteau d'anniversaire. Mes parents et ma grande sœur étaient là et, comme d'habitude, les images défilaient sur l'écran de la télévision du salon, le son était éteint pour ne pas déranger. Un très fort tremblement de terre avait eu lieu la veille au Japon suivi par un tsunami dévastateur, des images de paysages dévastés passaient en boucle sans que la famille y prête vraiment attention : c'était à l'autre bout du monde …
Soudain, mon père s'est précipité sur la télécommande et a augmenté le son : "Une explosion s'est produite à la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, après le violent séisme qui a frappé le pays la veille, des personnes ont été irradiées, on craint un accident nucléaire grave ….". mon père était catastrophé, il faut dire qu'il travaillait auparavant dans une centrale nucléaire, il écouta les informations données par le journaliste, zappa sur quelques chaînes pour essayer d'en savoir plus et nous dit d'un air grave : "Mes enfants, il y aura un avant et un après Fukushima …". Du haut de mes 10 ans, je n'ai pas compris cette phrase pourtant prémonitoire et je suis retourné à mes cadeaux.
Dans les jours et les quelques semaines qui ont suivi, les nouvelles en provenance de la centrale et les conséquences pour l'occident ont fait la une des journaux, bientôt remplacées par d'autres évènements plus médiatiques. Mon père a continué à s'informer en allant chercher sur le net, il pestait contre ces journalistes qui préféraient faire dans l'évènementiel plutôt que de proposer des analyses rigoureuses et objectives permettant de mieux comprendre les soubresauts de notre planète. Je pense que c'est de cette époque que m'est venue l'envie d'être moi même un "vrai" journaliste au sens où le souhaitait mon père.
Je repense aux évènements qui ont suivi, dans les mois et les années après la catastrophe, je ne suis pas capable de faire la part entre ce qui est de mon propre souvenir et ce que j'ai appris lors des recherches pour mon mémoire à l'école de journalisme "Un autre regard sur l'énergie – le rôle des journalistes".
Après l'accident du Japon, l'opposition à l'énergie nucléaire s'est développée partout dans le monde. Lorsque l'Allemagne a décidé d'arrêter progressivement ses centrales nucléaires, on disait en France que ce n'était pas possible, près de 80 % de notre électricité étant d'origine nucléaire. On mettait aussi en avant que, si l'on voulait remplacer cette énergie, il faudrait augmenter la production à partir des combustibles fossiles ce qui génèrerait plus de rejets de CO2. Quant au vent et au soleil, ils n'étaient pas suffisamment constants pour nous permettre de disposer d'électricité à toute heure du jour et de la nuit toute l'année comme nous y étions maintenant habitués depuis plusieurs générations. On s'apprêtait donc à ne rien changer, comme à notre habitude …
Je me souviens d'ailleurs, qu'à l'automne de cette même année 2011, la centrale au gaz de Blénod où travaillait mon père a été inaugurée en grande pompe. On prévoyait la mise en service d'autres centrales de même technologie et une nouvelle tranche nucléaire était en construction : la France continuerait à fournir son électricité à l'Europe en espérant que les nuages pollués ne lui tomberaient pas sur la tête !
C'est plus ou moins à cette époque qu'un petit groupe de journalistes a décidé de faire de l'information autrement, cela a commencé par un débat sur "Quelle place de l'électricité dans notre société ?". Ils ont réuni scientifiques, sociologues, philosophes… les débats étaient diffusés chaque semaine à 20h30 sur une chaîne de la TNT. Ils furent les premiers surpris par le succès de leur émission : le niveau d'audience rivalisait avec les grosses productions des chaînes historiques que les gens regardaient, jusque là, faute de mieux. D'autres journalistes les ont rejoint et, lorsque les journaux et magazines se sont rendus compte que le sujet était plus vendeur que le dernier scandale politique, on a vu foisonner de nombreux dossiers de réflexion sur l'avenir de notre société tous plus fouillés les uns que les autres.
Je crois que la perspicacité de ces novateurs a été de se démarquer, dès le début, des partisans de la décroissance dont les propositions étaient jugées irréalistes par la plupart des français. Dès le départ, ils ont posé comme postulat que personne ne serait prêt à renoncer à une part de son confort actuel même pour un avenir, peut être meilleur. Le challenge était donc de trouver des solutions pour économiser l'énergie en gardant un niveau de confort équivalent. Ils ont donc fait intervenir des scientifiques qui ont montré que nos habitudes de consommation avaient peu profité des avancées technologiques disponibles. On commençait juste à parler des compteurs "intelligents", capables de piloter la consommation d'électricité mais, sous la pression des lobbyistes, on ne cherchait pas à profiter de toutes les potentialités offertes.
On a alors vu fleurir des initiatives intéressantes. Je me souviens par exemple qu'à partir des données recueillies avec les nouveaux compteurs, des sites sur internet permettaient à chaque foyer d'analyser ses postes de consommation et de simuler l'impact de la réduction du nombre de lessives hebdomadaires ou de la réalisation de travaux d'isolation par exemple. En parallèle des études montraient que, compte tenu de l'inertie des matériaux, on pouvait faire des coupures tournantes d'une heure ou deux dans les logements sans perte de confort pour l'occupant. Les débats lancés sur ces thèmes permettaient à chacun de réfléchir à ce qui, dans son quotidien, était important ou non. Je me souviens d'échanges houleux lorsque l'animateur interrogeait notre pratique de changer de vêtements tous les jours voire plusieurs fois par jour. Certains le raillaient en lui demandant si il voulait revenir à la lessive annuelle de nos arrières grands-parents mais beaucoup se rendaient compte que l'on pouvait, sans difficulté, réduire sensiblement la fréquence des lessives tout en gardant un niveau d'hygiène correct.
Le débat sur l'éclairage urbain a, lui aussi, été un grand moment télévisuel. Certains se voyaient revenir à une situation où l'honnête homme n'oserait plus sortir dès la nuit tombée avec des conséquences néfastes sur l'emploi dans les restaurants et les salles de spectacle. Ils rappelaient que l'arrivée de l'éclairage public, à la fin du 17ème siècle, avait permis de lutter contre l'insécurité et demandaient comment on envisageait de remédier à l'accroissement, inéluctables, des agressions contre les personnes et les locaux. Nos scientifiques ont, une nouvelle fois, proposé des solutions pragmatiques, il ne fallait pas partir sur des solutions en tout ou rien, on pouvait moduler l'éclairage en fonction de l'animation du quartier et de l'heure de la nuit et les caméras à infra-rouge, relayées au poste de police le plus proche, avaient déjà montré leur efficacité.
Petit à petit les gens ont ainsi pris conscience que réduire sa consommation d'électricité n'était pas forcément synonyme de sacrifice. Les partis politiques se sont ralliés au mouvement qui commençait à prendre une certaine ampleur et un référendum sur l'électricité a été organisé mais, alors que dans d'autres pays la question posée était "voulez-vous sortir du nucléaire ?", en France la question était : "êtes-vous prêt à réduire votre consommation d'électricité de 50 % ce qui permettra d'arrêter les centrales nucléaires et de fermer les centrales classiques qui rejètent du CO2".
Le référendum a recueilli 73 % de oui sans vraiment de surprise, les débats lancés dans les médias depuis plusieurs années avaient montré à chacun que l'on pouvait réduire de 50 % sa consommation d'électricité sans revenir au 19ème siècle. Suite au référendum, un programme d'arrêt progressif des centrales nucléaires d'abord, puis des centrales thermiques classiques a été planifié, en parallèle, la baisse de la consommation était mesurée, on s'est d'ailleurs aperçu que la baisse était plus rapide que la trajectoire prévue...
Nous sommes le seul pays au monde à avoir engagé un programme aussi ambitieux et, contrairement à ce qu'annonçaient les esprits chagrin, nous avons un confort équivalent à ce que j'ai connu dans mon enfance, bien sûr nos habitudes de vie ont un peu évolué, je ne change pas de chemise tous les jours et on éteint la télévision si on ne la regarde pas mais n'est ce pas anecdotique ?
Et nous voici arrivés à la dernière étape, demain je présenterai le 20h en direct de Blénod, tous les chefs de centrale qui se sont succédés depuis sa mise en service en 2011 seront présents, parmi eux il y aura mon père, j'espère qu'il sera fier de moi. Une grande fête est prévue ensuite, elle sera retransmise aux 4 coins du globe car demain, à minuit, la dernière centrale thermique à flamme française s'éteindra : il y a bien eu un avant et un après Fukushima !
FIN

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Les textes de 2011 Empty Atelier d'écriture, Juillet-Aout- Septembre 2011: Les textes

Message par Invité Lun 12 Sep 2011 - 21:15

Voici donc le texte de La Betteravia, qui inaugure ainsi cet atelier estival.



La betteravia a écrit:Il faisait froid, il était tard et la journée avait été difficile. Mais tout ceci n'avait aucune importance : ce soir était le grand soir. J'étais en route pour aller chercher Sophie qui m'attendait avec nos bagages. Nous allions enfin partir pour les vacances dont nous rêvions depuis tant de temps. Entre la mise en place de ma nouvelle boite et la fin de ses études, nos dernières escapades s'étaient réduites a la visite de ses parents ou des miens le temps d'un weekend. Mais ce soir commencait notre grand périple tant attendu.
J’allais prendre la prochaine rue à droite pour rejoindre notre appartement lorsque soudain j’eus envie de voir cet endroit dont m’avait tant parlé cet homme.

Calée derrière mon volant, je pris la direction de ce village qui n’était qu’à une vingtaine de kilomètres.
C’était un hameau datant d'un autre temps, seul le clocher du village avait encore une apparence vivante, ou peut être mon ignorance des lieux m'empêchait de saisir un coté verdoyant dans mon panel de couleurs internes.
C’était pour moi un abus de laisser cet espace à l'abandon ou seul l'éveil d'un papillon pourrait lui rendre toute sa grâce d'antan .C'est en sortant un chewing-gum de ma poche que fière je m'aperçus que j'étais la seule à profiter de ce noble paysage, bourbeux et intemporel.
Beaucoup à mon instar auraient trouvé cet endroit lugubre. Je me demande parfois ce qu’on assimile au sombre, peut être tout simplement une réalité parsemée d’éclaircies, telle une église aux inscriptions de pluie que l’on colore de couleurs artificielles pour créer l’illusion.

Je ne suis pas aveugle face à l'absurde qu'est la vie, son ironie à nous faire croire aux dogmes, à la foi et au mystère de la magie, tel une fleur nous vivons, tel une fleur nous mourons, éphémères et sans occultisme. Notre clocher interne survit avec l’espoir d’une éclosion de chrysalide.
Etre vivant , se sentir vivant , donner la vie , amants ou bâtisseurs ,quoi de plus beau que la nudité étendue de son inspiration , sensation pétillante et ravageante , une brulure saisissante au bas ventre , la joie du jouisseur ahuri devant temps de présence et d'essences , vague envahissante , l'envie tyrannique des flux sanguins de l'éternelle jeunesse , l’œuvre de l’hédoniste et de l’artiste est une prison carcérale qui offre tous ses privilèges en son sein.

Mais cupide est la flèche, mauvaise est la fée, la malchance du candide vient de sa croyance jaillissante, débile et dénuée de toute pensée rationnelle. De mon poignet lourd et armé contre la societé, j'ai eu l’envie de frapper la première pierre de cet édifice pour briser la faïence mensongère le long de sa nef qu’elle tentait encore de monnayer pour mieux m’aliéner. Pourtant son dieu créateur l’avait aussi abandonnée.
Un vent poussiéreux rendait mon attente lassante, j'attendais juste un signe, un message, qu’elle me rende mon innocence mais elle ne m’a fait entrevoir que son pouvoir dédaigneux. Pour seule réponse je n'ai eu qu'un vent du divin. Amère, je souriais d'un air loquace, mais ce sentiment de rejet était bien trop bruyant en moi pour jouer le vent du printemps.

Les entailles marquent les profondeurs au fer rouge d'une époque révolue ou le simple entrebâillement de son âme meurtrie est un briquet au feu incandescent, mes viscères sont un turban rouge servant à ma propre pendaison face à la torture et l’amertume de cette ridicule fondation qu’est la vie dans laquelle le créateur nous enfante et nous accule.

En rentrant, je suis restée stationnée en bas de chez moi, je ne réussissais pas à éteindre l’auto radio alors que Léo ferré m’ inondait de poésie, scotchée dans ma voiture, le volant encore entre les mains, je m’y agrippais comme pour lutter contre une sphère de solitude qui m’ attendait quelques étages plus haut au dessus de moi , alors même que Sophie s’y trouvait…

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Message par Invité Mar 13 Sep 2011 - 22:24

Et voici un second texte,, écrit celui-ci par kély:



kély a écrit:Il faisait froid, il était tard et la journée avait été difficile. Mais tout ceci n’avait aucune importance : ce soir était le grand soir. J’étais en route pour aller chercher Sophie qui m’attendait avec nos bagages. Nous allions enfin partir pour les vacances dont nous rêvions depuis tant de temps. Entre la mise en place de ma nouvelle boite et la fin de ses études, nos dernières escapades s’étaient réduites à la visite de ses parents ou des miens le temps d’un week-end. Mais ce soir commençait notre périple tant attendu.
J’allais prendre la prochaine rue à droite pour rejoindre notre appartement lorsque soudain…

Oh ! Non… c’est pas vrai… Quel idiot je fais !

Je me garai au pied de notre immeuble, attrapai mon mobile dans la boîte à gants et composai le numéro de Sophie… Première sonnerie, deuxième sonnerie, troisième sonnerie… Pfff et me voilà une nouvelle fois confronté à la messagerie…

« Allo Sophie, je suis en bas de chez nous, mais comme un crétin, je viens de me souvenir que j’ai oublié nos billets d’avion dans le tiroir de mon bureau. Donc, ne t’inquiète pas, je repars les chercher et je reviens immédiatement… Enfin, je veux dire que j’en ai pour 35 à 40 mn aller-retour. Désolé Chérie, c’est certainement là, le signe évident que ces vacances s’avèrent indispensables ! Je t’embrasse à tout de… Bip, bip, bip...

Zut ! Batterie faible… décidément… C’est ma soirée ! » Me dis-je en essayant de conserver une certaine bonne humeur en pensant à nos vacances.

Je remis le contact, et tout en faisant le demi-tour, je constatai avec surprise, qu’aucune lumière n’était allumée chez nous, dans notre appartement.

« Curieux ! » pensais-je avec un fond d’anxiété… « Elle a dû aller au centre commercial faire les achats de dernière minute ».

Je repris donc la D9 et me branchai sur Radio Nostalgie, qui diffusait « Laisse-moi t’aimer » chantée par Mike Brant. Cette chanson, me permis de m’évader en songeant à tous ces prochains jours d’émotion avec Sophie, loin des soucis, stress et tracas quotidiens. Nous allions vers deux semaines de vacances en amoureux, seuls au monde, ou presque… excluant les visites et programmes organisés avec horaires imposés… Par le passé, nous avions souvent rêvé ensemble de partir loin, mais notre situation financière avait toujours été le frein majeur. Mais, demain… enfin… nous allions pouvoir réaliser nos désirs !

Arrivé au bureau, j’ouvris le tiroir magique, et récupérai nos billets. N’ayant plus de batterie sur mon mobile, et ne sachant si Sophie avait eu mon message, je décidai de la joindre à partir de ma ligne fixe avant de repartir.

Je composai donc à nouveau son numéro… Première sonnerie, deuxième sonnerie…
Ouf, Sophie, répondit « Allo ! »

«Ah ! Sophie… Chérie… tu as eu mon message ? »

« Allo ! Qui est à l’appareil ? »

« Comment ça Chérie ? C’est moi, enfin c’est Franck ! »

« Franck ??? Désolée, je ne me souviens pas... »

« Mais… Sophie, tu voulais… enfin… je veux dire… nous partons demain ! Où es-tu ? …
J’étais tellement bouleversé… J’avais à présent si peur ! Je misai tellement sur ce moment à deux… Parce que je ne voulais pas, je ne pouvais pas faire face à l’inéluctable… Du moins, pas si tôt, même si je savais…

« Allo Franck ? » La voix de Guy, le père de Sophie avait pris le relais.

« Oui, Guy, c’est moi ! Que se passe-t-il ? Je n’y comprends rien, ce matin encore, tout allait bien… Elle se faisait une joie à l’idée de ce voyage, elle avait quasiment terminé nos bagages, elle était si rayonnante, si souriante, tellement gaie… »

« Hélas mon garçon ! Elle a eu une nouvelle crise de « vide »… Tu vois… Nous avons contacté son neurologue qui a fortement déconseillé un « dépaysement ». Sophie, doit, durant quelques semaines, rester dans son quotidien, ses habitudes… Il pense que cette crise est due au stress provoqué à l’idée de devoir affronter « l’inconnu ». Je suis désolé Franck, vraiment désolé… »

Je me laissai choir dans ce confortable fauteuil de bureau, les larmes aux yeux, parcouru par d’indescriptibles frissons !

« Ok Guy ! » murmurai-je de manière à peine audible…

« Je passe la voir tout à l’heure » et je raccrochai !

Il faisait froid, il était tard et la journée avait été difficile… Et tout ceci se révélait d’une extrême importance : ce soir était le grand soir. Je me mettrai en route pour aller chercher Sophie qui ne m’attendait pas avec nos bagages, qui ne m'attendait pas tout simplement. Nous allions partir vers une « destination inconnue » loin de celle que nous avions rêvée. Et ce soir commençait notre périple… !

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Message par Invité Mer 14 Sep 2011 - 23:15

L'atelier s'enrichit désormais d'un troisième texte, offert par Sara2a:



Sara2a a écrit:

Séjour Vaudou


Samedi 21H37

"Il faisait froid, il était tard et la journée avait été difficile. Mais tout ceci n'avait aucune importance : ce soir était le grand soir. J'étais en route pour aller chercher Sophie qui m'attendait avec nos bagages. Nous allions enfin partir pour les vacances dont nous rêvions depuis tant de temps. Entre la mise en place de ma nouvelle boite et la fin de ses études, nos dernières escapades s'étaient réduites à la visite de ses parents ou des miens le temps d'un week-end. Mais ce soir commençait notre grand périple tant attendu.
J'allais prendre la prochaine rue à droite pour rejoindre notre appartement lorsque soudain un jeune garçon surgit devant ma voiture, je freinai brutalement tout en entendant le bruit sourd du choc contre mon capot. Mon sang se glaça, je l’avais heurté. Dans la rue déserte seul résonnait le bruit du moteur de ma voiture qui continuait à tourner. Je sortis presque trop lentement du véhicule, mes jambes semblaient mettre un temps infini à m’obéir. Je constatai avec soulagement que le garçon se tenait assis sur l’asphalte. Je m’agenouillai près de lui et remarquai qu’il s’agissait d’un frêle adolescent très certainement d’origine africaine. Un mince filet de sang s’écoulait d’une de ses arcades, il semblait ne pas avoir d’autres blessures . Il me scrutait avec curiosité, ses traits impassibles me firent froid dans le dos .
- Alors mon bonhomme, tu te sens bien ? Qu’est-ce qui t’a pris de traverser en courant à cet endroit là ? J’aurai pu te faire très très mal.
Il continuait à me fixer, sans paraître comprendre ce que je lui disais, son regard m’examinait de long en large, sans le moindre mot.
Je sortis mon portable de ma veste tout en m’étonnant du calme environnant, je n’avais jamais fait attention à cette rue, nous habitions dans ce quartier depuis presque un mois et cet endroit dénotait avec le reste du coin . Les bâtiments sinistres avec leurs façades vétustes semblaient inhabités, l’endroit me procura une sensation de malaise inexplicable.
Mon regard fut soudain attiré par une lumière à l’étage d’un immeuble sur la gauche, une femme ouvrit une fenêtre , je la distinguais à peine, elle cria plus qu’elle ne parla en gesticulant faisant visiblement comprendre au jeune garçon de monter dans un charabia incompréhensible . J’aidai le garçon à se remettre debout , sa main serrait la mienne avec une force qui me surprit.
- C’est ta maman ?
Même regard scrutateur.
- Tu ne comprends pas ce que je dis ?
Je levai la tête vers la fenêtre mais rencontrai le carreau sale qui s’était refermé.
- Écoute petit, apparemment il y a eu plus de peur que de mal, je crois que ta maman t’as demandé de rentrer.
Je lui soulevai le menton et lui nettoyai rapidement le petit filet de sang qui avait déjà commencer à sécher. J’attrapai une carte et la lui mis dans la main.
- Donne ça à tes parents, s’il y a la moindre complication vous avez mes coordonnées .
Il me tourna le dos et s’engouffra rapidement dans le hall de l’immeuble délabré. J’attendis quelques minutes, espérant et craignant à la fois, voir surgir les membres de sa famille avec qui j’aurai sans doute un mal fou à m’expliquer s’ils ne parlaient pas le français. Au bout d’un long moment je me décidai à aller retrouver Sophie qui devait s’inquiéter de mon retard.
En garant la voiture je décidai de ne pas lui faire part de l’accident, à quoi bon la contrarier , après tout le gosse était sain et sauf, je lui avais laissé un moyen de me joindre, je serai toujours à temps de lui en parler.


Dimanche 15H02

Un plafond blanc, des néons agressifs, une pendule digitale, des chiffres rouges sur fond noir, une douleur lancinante à l’arrière du crâne. J’ai la bouche pâteuse comme au lendemain d’une cuite. Je tourne péniblement la tête vers la gauche et vois un lit métallique vide, des draps blancs et épais, vers ma droite je sens la chaleur du soleil. Sophie est là, assoupie, sa tête repose sur l’appui tête d’un fauteuil, je suis dans un hôpital.
- Sophie,… Ma voix semble sortir d’outre-tombe, j’ai soif et du mal à articuler…Sophie !
- Michel ! Son long corps se déplie comme au ralenti, un sourire serein éclaire son visage.
- Qu’est-ce que je fais ici ? Je me touche le haut du front et mes doigts rencontrent le tissus rugueux de ce qui me semble être un bandage.
- Mon cœur, tout va bien, tu es tombé dans la douche hier soir, je t’ai retrouvé sans connaissance et j’ai immédiatement appelé les secours. Le médecin est passé ce matin et t’a expliqué ce que ton pauvre crâne avait subi.
- Je n’ai aucun souvenir de cette chute Sophie …
- Michel, le dernier scanner que l’on t’a fait passer est normal, le médecin nous l’a expliqué ce matin, tu souffres d’une perte de mémoire immédiate. Il n’y a rien de terrible ou d’alarmant, il faut juste que tu te reposes et peu à peu ton brillant cerveau va fonctionner normalement, c’est une question de gymnastique , tout va rentrer dans l’ordre mon amour.
- Ma mémoire va bien Sophie, je sais qui tu es, je me souviens de ce que j’ai mangé hier matin au petit déjeuner et je sais également q’au lieu d’être ici, on devrait être allongés sur une plage à siroter des cocktails sur une île du Pacifique.
- Mon cœur, je sais, mais on aura d’autres occasions de partir en vacances, l’important c’est que tu te remettes de cette stupide chute .

Dimanche 19H00

Sophie vient de partir, le cœur en berne, j’ai insisté pour qu’elle rentre se reposer. L’inquiétude se lit sur son visage malgré ses paroles rassurantes. Elle a posé un cahier sur la table de chevet et je lui ai promis d’y inscrire tous mes faits et gestes, toutes les conversations que je serai ammener à avoir avec le personnel hospitalier et les futurs visiteurs qui ne manqueront pas de venir dès demain.
Je note donc consciencieusement le résumé de l’après-midi, cette histoire de perte de mémoire immédiate quelle guigne ! Une jolie infirmière passe me voir, nous échangeons quelques mots, elle s’enquière de mon mal de tête qui persiste et me questionne sur mon passé en comparant avec satisfaction mes réponses aux renseignements fournis par Sophie.

Lundi 00H04

Un souffle rauque sur ma gauche, la veilleuse qui surplombe le lit voisin est allumé, une jeune fille à la peau d’ébène veille sur un vieil homme aux yeux clos. Je murmure un bonsoir qui n’obtient ni regard, ni réponse. Une douce odeur d’encens flotte dans la chambre, je repars vers mon rêve.

Mardi 19H00

Je referme le cahier, Sandra, Emmerich, Bruno, Stella et Louis sont répertoriés, ils m’ont tenu compagnie une bonne partie de l’après-midi . Sophie est confiante et satisfaite de mes efforts d’écolier appliqué. Le médecin est resté très évasif sur la date de ma sortie. Le vieil homme n’a pas eu de visites, j’ai interrogé l’infirmière qui m’a confié du bout des lèvres qu’il avait fait une mauvaise chute mais beaucoup plus grave que la mienne, sa colonne vertébrale gravement endommagée, son état est critique, il a peu de chance de s'en remettre …

Mardi 23H59

Quelqu’un me tient la main, je tourne la tête vers la gauche et aperçois un curieux spectacle, deux hommes noirs immenses se tiennent de chaque côté d’un lit sur lequel est étendu un vieil homme. Les deux géants sont vêtus de longues tuniques sombres, il égrainent une litanie dans une langue inconnue. Face au lit se tient une jeune femme noire, elle ne porte aucun vêtement, son corps luisant ondule au rythme des flammes émannant de longues bougies noires qui l’entourent. Elle semble être en transe, sa tête vacille de droite à gauche, par à coups.
Je tourne la tête vers la droite, la main qui serre la mienne est celle d’un adolescent au sourire carnassier, je reconnais immédiatement son visage, il s’agit du gosse que j’ai renversé samedi soir. Mes lèvres sont incapables de bouger, mon corps semble figé.
En l’espace de quelques secondes, la jeune beauté d’ébène me chevauche …une douce plainte s’échappe de sa bouche charnue ….

Jeudi 12H45

Mon cou semble ankylosé, ma migraine a disparu, mais j’ai beau me démener je ne parviens pas à bouger . Je me sens engourdi, j’entends le rire de Sophie sur ma droite.

- Michel ! Tu es déjà prêt mon cœur, on peut dire que tu étais vraiment pressé de partir, donne moi ce sac, tiens prend ton portable.

Je suis incapable de lui répondre, mais qu’est-ce qu’elle me raconte, elle ne voit donc pas que mon corps se refuse à bouger. Mes lèvres ne m’obéissent pas, les mots me restent collés au larynx , il y a un problème, un ENORME problème. Je sens la panique monter lentement en moi .

Soudain un visage se penche sur moi, je cligne plusieurs fois des yeux pour chasser cette vision absurde qui vient de surgir devant moi.
Ce visage , ce sourire, ces yeux, cette bouche , même visage, même sourire, mêmes yeux, même bouche, un hurlement intérieur résonne au fond de moi. Cet homme, c’est moi, cette femme qui l’enlace en me jetant un bref regard de pitié c’est MA FEMME.

- Allez chéri, fait pas ton sentimental, il ne t’a pas tiré deux mots depuis qu’il est là, de toute façon il est déjà à moitié mort.
- Tu as raison chérie, j’ai suffisamment perdu de temps, rentrons chez nous.


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Message par Invité Mar 27 Sep 2011 - 9:10

Voici un texte supplémentaire, écrit par Le motard:



Le motard a écrit:Il faisait froid, il était tard et la journée avait été difficile. Mais tout ceci n'avait aucune importance : ce soir était le grand soir. J'étais en route pour aller chercher Sophie qui m'attendait avec nos bagages. Nous allions enfin partir pour les vacances dont nous rêvions depuis tant de temps. Entre la mise en place de ma nouvelle boite et la fin de ses études, nos dernières escapades s'étaient réduites à la visite de ses parents ou des miens le temps d'un weekend. Mais ce soir commençait notre grand périple tant attendu.
La voiture roulait tranquillement le long de l'avenue, encore quelques minutes et j'arriverai à destination, Sophie était prévenue, un message lui avait été envoyé et elle devait m'attendre en bas de l'immeuble.
Le dernier virage et je l'aperçois, elle me fait de grands signes de la main. La portière s'ouvre et elle se précipite dans mes bras. Elle porte une superbe combinaison orange et des boots assortis, ses cheveux bruns tombent en une magnifique cascade sur ses épaules et ses yeux verts scintillent tels des émeraudes, elle est magnifique, je le lui dis et elle se serre encore plus fort contre moi.
Roger a chargé les bagages avec son efficacité coutumière, c'est une merveille il sait tout faire, cuisiner, repasser, commander les courses et j'en passe.
La voiture nous rappelle à l'ordre, il ne faut pas rater le prochain embarquement pour "Le voyage extraordinaire".
Nous arrivons au pied du complexe des évasions. C'est un gigantesque bâtiment de verre et d'acier en forme de bateau, il parait que les architectes se sont inspirés des paquebots qui sillonnaient les mers il y a bien longtemps. La voiture se gare et nous nous dirigeons vers le hall confortablement installés dans de petits fauteuils qui nous mènent gentiment vers l'accueil des passagers. C'est magnifique, tout est organisé autour d'un atrium qui laisse passer une lumière qui change au cours du temps, des oiseaux multicolores volent au milieu de plantes tropicales et des cascades d'eau bruissent doucement.
Une charmante hôtesse nous aborde:
"Bonjour Mr Philippe Roland et Mlle Sylvie Ducot et bienvenue à bord du Complexe des Evasions. Je m'appelle Brita et je serai votre accompagnatrice durant tout le voyage. Je suis là pour exaucer vos moindre désirs durant votre séjour à bord."
Elle ressemble un peu trop à Sylvie, les organisateurs l'ont peut être fait exprès mais ça me gêne, je préfèrerai un autre modèle, une blonde, j'en touche un mot à Sylvie, elle est d'accord, elle fait défiler sur son mobile des propositions d'hôtesse et nous choisissons un jolie blonde.
Nous nous dirigeons vers notre cabine, c'est le grand luxe, un salon ovale avec deux fauteuils de couleur mauve et une magnifique table basse en verre fumée sur une pierre noire, un canapé assorti. Le reste de la cabine est aussi luxueux avec, entre autres, un superbe lit à baldaquin. Nous l'avons choisi exprès dans le catalogue.
" Voilà votre cabine, ce sera votre petit nid pendant la durée du voyage. Si vous souhaitez changer quelque chose vous avez accès aux différentes propositions via votre mobile.
Pour les repas, vous pouvez les prendre en cabine ou, comme autrefois, dans la salle à manger avec les autres clients. Nous avons recréé une salle à manger similaire à celle du paquebot "Le Normandie" avec serveurs en costume d'époque et même un capitaine. Enfin voici vos deux combinaisons et casques, le module des voyages se trouve derrière cette porte, vous n'avez qu'à entrer et vous laisser guider.
Avez vous des questions à me poser ?"
Tout nous semble parfait et nous libérons notre nouvelle hôtesse d'une blondeur de rêve. Nous avons hâte de commencer notre voyage. Nous avons choisi le tour du monde afin d'avoir un petit aperçu et ainsi pouvoir revenir sur une destination qui nous a tapé dans l'œil. Ceci dit Sylvie n'aime pas trop la couleur mauve du mobilier et se lance dans le choix des couleurs proposées, je la laisse faire, je m'en fiche un peu, pourvu que le lit soit confortable et les repas au top niveau, le reste n'a pas beaucoup d'importance pour moi.
Soudain un bip.
« Désolé Sylvie j'ai une communication importante, à tout de suite »
C'est Jacques, mon collègue, qui me demande un renseignement sur un dossier dont je m'occupe, je ne suis pas très content, je lui avais tout donné et Pierre, mon assistant, a toutes les informations utiles mais bon, il est nouveau et pas encore habitué à notre Système d'information connecté et aux nouveaux bio-assistants, il est vrai que la nouvelle génération est vraiment très proche de nous ce qui peut perturber. Ils sont très polis, ne s'énervent jamais, idéaux pour les emplois d'hôtesses et de vendeurs de chaussures. J'en arrive à être presque jaloux de Roger, celui de Sylvie, c'est vrai qu'il passe plus de temps avec elle que moi.
«J'espère que je n'ai pas été trop long, on y va
- je suis prête mon chéri »
Nous enfilons nos combinaisons sensorielles, mettons nos casques et pénétrons dans le module
Juste avant que la porte ne se ferme je me souviens que mon arrière grand père m'avait raconté que son grand père avait parcouru le vaste monde en prenant des avions, des trains, des bateaux, en vélo, à pied, c'était il y a bien longtemps, aujourd'hui on ne se déplace plus, le monde d'autrefois a été entièrement recréé et avec les calculateurs actuels il est possible de se balader partout en restant dans le module des voyages. De toute façon se déplacer n'apporterait rien, le monde est une gigantesque ville, les monuments sont conservés dans des musées, nous avons tous les mêmes habits, la même culture et parlons la même langue.

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Message par Invité Mar 13 Déc 2011 - 22:39

Voici donc un premier texte, celui du motard. En espérant qu'il débloquera les inspirations en panne Very Happy .

La femme en robe rouge.


La femme, du fond du couloir regarde par la fenêtre. Elle porte une longue robe rouge sang, du velours peut être. Les reflets moirés de sa robe donnent l'impression d'une mer scintillant sous le soleil. Un haut noir s'évase et dégage un long cou d'une blancheur de porcelaine où brille une chaine dorée . Elle est très belle, ses longs cheveux noir descendent en une longue torsade au creux de ses reins, juste saupoudrés de fines épingles dorées. Les veines tissent une fine résille violette qui enserrent ses pommettes. Je l'observe, fasciné. Je suis comme hypnotisé, sa robe semble douée de vie et ondule comme la peau d'un serpent.
Soudain elle se tourne vers moi et me tend la main. Je m'avance le long de ce couloir. Au fur et à mesure de mes pas je découvre des portraits, des hommes, plutôt jeunes, de toutes les époques. C'est comme une sorte de traversée du temps. Certains avec des rouflaquettes, moustaches et haut de forme, d'autres en perruque poudrée ou portant fraise et pourpoint, sûrement une galerie des ancêtres. Je m'approche enfin d'elle, suffisamment pour la détailler. Elle est vraiment très belle, mais d'une beauté que je n'ai jamais rencontrée. Une corne d'or brille entre ses seins. Ses yeux verts en amande me transpercent, j'ai l'impression qu'elle pénètre au fond de mon âme, elle me sourit, me tend une main que je saisis, la douceur et la chaleur de sa peau m'envahissent et je me sens fondre à son contact.
- Bonjour, Chloe
-François, je passais, je me suis permis d'entrer la porte était ouverte
- c'est une maison ouverte, j'aime accueillir des étrangers, voulez vous visiter? C'est une très ancienne demeure chargée d'histoire
- volontiers si cela ne vous dérange pas.

Je la suis, nous passons dans une suite de pièces ornées de tableaux et dont les plafonds se parent de caissons ouvragés et magnifiquement décorés, les meubles sont des antiquités Je lui fais la remarque.
- Notre famille habite ici depuis fort longtemps et nous n'avons jamais eu l'envie de nous séparer de nos meubles et de nos tableaux, mais effectivement c'est un peu vieillot
- la robe que vous portez fait aussi très ancienne (j'espère que je ne fais pas une gaffe) »
Elle rit
- Vous êtes très courageux ou très inconscient de dire cela à une femme au sujet de ses atours, effectivement c'est une robe très ancienne mais parfaitement conservée que j'aime bien porter de temps en temps, félicitations vous avez l'œil.

Nous continuons la visite, c'est absolument superbe, un peu hors du temps, je me sens envahi d'une légère ivresse, est ce son parfum qui me tourne un peu la tête.
En la suivant j'admire sa nuque dévoilée par le lent balancier de sa natte, j'ai une envie folle de caresser sa peau diaphane. Deux boucles d'oreilles rythment sa marche. Dieu qu'elle est belle, je me force à regarder ailleurs. Elle se tourne vers moi et un léger sourire moqueur éclaire son visage;
- Vous vous sentez bien, pas trop chaud, je peux vous offrir un rafraichissement?
- ma foi, volontiers.

Elle m'entraîne vers, me semble t-il, le salon, une vaste méridienne me tend les bras. Un superbe bougeoir en argent diffuse une chaude lumière. Elle s'éclipse et j'en profite pour examiner la pièce. Le tableau d'un homme dans la force de l'âge orne le mur, il est assis à une table et signe un papier, il y a un autre personnage, mais on le distingue mal, il est enveloppé d'un grand manteau noir, on ne distingue que ses yeux, luisants dans la pénombre.
Une table basse en marqueterie occupe le centre et deux fauteuils anciens complètent le mobilier.
Chloe revient portant un plateau avec une aiguière et deux verres.
Elle s'assied à mes cotés, sa jambe me frôle et je ressens à travers mon corps un frisson. J'ai soudain très chaud et j'avale rapidement la boisson qui m'est offerte. Le verre est superbe, un cristal superbement taillé où scintillent les lumières des bougies. Je le repose avec délicatesse sur la table basse.
- Servez vous si vous le désirez
- merci, c'était délicieux, mais je n'ai aucune idée de ce que c'était
- une vieille recette à base de plantes avec un peu de miel, le tout rafraîchi pendant une nuit
- d'où vient cette couleur rouge ?
- du sang d'un... non je plaisante, c'est une des plantes qui donne cette couleur, je ne me souviens plus de laquelle.

Une douce torpeur m'envahit, je suis bien. Elle allonge son bras sur mon épaule puis sa main tout doucement se glisse sous ma nuque et commence à me caresser les cheveux. Mes yeux se ferment, je me cambre pour sentir ses doigts déclencher des ondes de plaisir dans mon corps. Tout doucement ma tête se penche vers elle et mes lèvres commencent à effleurer sa bouche. Elle m'embrasse à petites touches comme un papillon qui délicatement butinerait mes lèvres. Je garde les yeux fermés, ce moment est divin et j'ai envie qu'il dure éternellement. Puis sa bouche s'écarte et suit par petites touches la ligne de mon cou. Je rouvre les yeux, elle me regarde, une lueur trouble luit dans son regard, sa poitrine se tend et je vois bouger la corne d'or entre ses seins comme un insecte doré. Soudain elle se lève et s'assied sur mes genoux, sa robe rouge fait comme une corolle qui m'emprisonne. Je plaque mes mains sur ses hanches puis descend tout doucement le long de ses jambes jusqu'à trouver sa peau. Elle ne dit rien et me regarde fixement, un léger sourire sur ses lèvres. Elle plaque ses mains sur mon torse, passe sous mon T-shirt et s'amuse à me caresser tout doucement. J'ai la chair de poule et je sens mon corps se tendre sous ses caresses. Mes mains remontent le long de ses jambes entrainant avec elles sa robe, elle est nue et mes paumes se plaquent sur ses fesses que je commence à caresser, avec le plus de douceur possible, du bout des doigts. Elle gémit, son souffle s'accélère, elle se penche vers moi et offre à mon regard ses deux beaux globes de chair emprisonnés dans leur écrin de soie noire. Sa bouche s'approche, je sens ses lèvres s'appuyer contre les miennes, sa langue se faufiler ...

Mesdames, messieurs nous voici devant le tableau appelé « La femme en robe rouge ». On ne connaît pas l'auteur de cette peinture, elle est datée du quinzième siècle mais les experts n'ont aucune certitude à ce sujet.
Il y a une légende à propos de cette toile, on raconte que c'est une commande d'un riche marchand qui voulait avoir un portrait de sa jeune épouse qu'il aimait à la folie. Il aurait passé un pacte avec le diable pour que ce portrait dure éternellement. La femme en robe rouge prendrait alors, régulièrement l'âme de jeunes hommes en les embrassant et la donnerait au diable en échange de l'éternité. On ignore totalement d'où vient cette légende mais il est conseillé de ne pas regarder le tableau trop longtemps.
Tiens quelqu'un a oublié son écharpe sur le canapé, je vais la ramener à l'accueil.

Un nouveau portrait orne le couloir, un jeune homme brun, aux yeux noirs, vêtu d'un T-shirt et d'un blouson en jean. La femme, du fond du couloir regarde par la fenêtre, elle sourit.


Dernière édition par Olorin le Jeu 15 Déc 2011 - 20:53, édité 1 fois

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Message par Invité Jeu 15 Déc 2011 - 20:52

Voici un second texte, écrit par morag Smile.

La femme au fond du couloir

Combien de fois ais-je parcouru ce couloir ? Dans mon trotteur, à quatre pattes, puis sur mes deux jambes, en courant, caressant le papier peint… Mais toujours avec le même plaisir.
Combien de fois ais-je traversé ce couloir jusqu’à la cuisine, pour la rejoindre ? C’est son antre, son royaume. Les bruits et les odeurs subtiles ne trompent pas.

Aujourd’hui je suis à nouveau là, dans ce couloir. Je prends le temps de regarder, pour la énième fois, les tableaux. Ce sont toujours les mêmes : Ces paysages chers à son cœurs, ces petits villages champenois surplombants les vignes. Et le pèle mêle de photos. Nous, ses petits-enfants, sur un chemin forestier, dans un bac à sable, à Disneyland. Par-dessus sont punaisées celles de mon mariage, où encore ma petite sœur en collégienne. Autant de preuves que le temps passe mais que son amour et sa fierté restent intactes.

J’arrive devant la porte. Elle est là, dans son tablier brodé de grappes de raisin. Elle chantonne, elle siffle ces airs qui ont bercé mon enfance. Elle se parle à elle-même aussi, ce qui m’a souvent fait rire mais qui au fond me touche.
Avec fierté je me dis que c’est ma grand-mère, cette femme qui m’a apporté tant de choses, tant d’amour. Qui s’est occupé de moi pendant des heures avec une éternelle patience. Malgré les années qui ont passées, j’ai envie de me blottir dans ces bras et sentir l’odeur du savon qui se dégage de sa peau douce et ridée, l’odeur de lessive dans son pull en laine… J’ai envie de fermer les yeux, me laisser bercer et tout oublier en l’écoutant me raconter sa vie.

Je prends le temps de l’observer avant de briser ce moment magique et apaisant. J’ai toujours admiré sa façon de se pomponner avec simplicité mais raffinement. On est samedi, elle est allée faire son petit tour au marché : Ses cheveux propres et bouclés, son joli pull en laine bleu et sa jupe droite. Pas de maquillage, mais une jolie chaîne en or et des boucles d’oreilles discrètes. Elle est belle, ma grand-mère.
Elle se retourne et je croise ses yeux rieurs. Elle me sourit et je la rejoins devant les fourneaux avec empressement. Rien n’a changé. J’aime depuis toujours et j’aimerais à jamais cette femme au fond du couloir.



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