Célébrons les mamans: Les textes

[Cassiopée]

Trois heures du matin.
Tout est calme et silencieux, tout le monde dort.
Sauf toi, sauf moi.
Sauf nous.
C’est notre petit moment d’intimité, notre moment rien qu’à nous dans le secret de la nuit.
Tu as ton regard plongé dans le mien, ton corps tout contre mon corps, ta petite main qui me caresse le flanc tandis que tu tètes paisiblement.
J’écoute ta respiration dans ce silence et je t’admire.
Tu es si belle, si calme…
Tu te détaches soudainement de moi, tu me souris de ce sourire de contentement qui me fait fondre. Ce sourire rempli de ton innocence. Et tu fermes tes yeux, t’abandonnant contre moi dans le sommeil, en toute confiance.
Je n’ai pas envie de te reposer dans ton lit, juste profiter de ta chaleur, de t’avoir tout contre moi dans le silence de cette nuit.
Et tandis que tu rêves, j’espère de jolies choses, je peux l’avouer avec force et fierté : Je t’aime plus que ma propre vie, mon enfant, ma fille, mon tout.

Nuit d'été

Après avoir grignoté quelques biscuits apéritifs en buvant un jus d'orange, mon frère et moi laissâmes les adultes bavarder pour nous éclipser avec notre amie Cathy. Dans sa chambre, nous préparâmes le spectacle : Cathy serait Blanche-Neige, j'incarnerais successivement le prince et la méchante belle-mère transformée en sorcière (nous avions trouvé une belle pomme rouge dans la cuisine) tandis que Greg se démultiplierait pour faire les sept nains (un Simplet qui éternuait régulièrement, mettait et retirait ses lunettes de Prof, s'endormait parfois subitement et se réveillait en grinchant). Hey hi, hey ho, on rentre du boulot...

Après la salade et le fromage, les parents montèrent à l'étage pour assister à une représentation unique dans notre théâtre improvisé : quelques chaises, un drap blanc accroché au mur et un inconfortable banc en bois où s'allongerait la princesse. Ils rirent gentiment de nos maladresses de jeunes acteurs.

Vivement applaudis, nous fîmes la quête pour financer notre dure vie d'intermittents du spectacle. Une petite pièce, messieurs, dames ?

Puis tout le monde retourna à table pour le dessert, une délicieuse fondue au chocolat où nous trempâmes morceaux de fruits et confiseries.

Maman était jolie, souriante et fière de notre créativité. La mère de Cathy appréciait que sa fille ait des camarades de jeux pour un soir. Elle disait qu'elle aurait eu assez d'amour pour trois enfants. Mais la vie en avait décidé autrement.

Café et liqueurs furent servis. Mon frère et Cathy retournèrent jouer dans la chambre. Je quittai la table pour rejoindre le salon attenant. Assise sur le canapé, j'entendais les voix et les rires des adultes, leurs discussions animées, leurs éclats de joie. Petit à petit, leurs paroles devinrent bourdonnement, la pièce sombre s'emplit d'un brouillard cotonneux et je m'allongeai. Je m'endormis bientôt, portée par un agréable sentiment de bonheur et de sécurité. J'étais sur un nuage.

Maman me réveilla doucement. Quelle heure pouvait-il être ? Sortie d'un sommeil profond, j'eus de la peine à ouvrir les yeux. Je réussis à m'assoir pendant que Papa m'aidait à enfiler mon gilet bleu. J'appréciai la douce chaleur de son corps quand il me porta dans ses bras jusqu'à la voiture. J'étais légère comme une plume. Dans la rue, je sentis sur mon visage la fraicheur des soirs d'été qui me fit sortir de ma torpeur. Je frissonnai.

Maman s'installa au centre de la banquette arrière, entre Greg et moi, laissant la place du passager inoccupée. Assise à sa droite, je posai ma tête sur son épaule souple et ronde. Elle mit sa main sur ma joue et la caressa d'un geste tendre, replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Bientôt, la voiture démarra et je fus bercée par le ronronnement du moteur. Un air tiède envahit l'habitacle qui devint un cocon confortable. Je regardai par la fenêtre : dans l'obscurité, les lumières de la ville au loin brillaient comme des étoiles.

Blottie contre Maman, j'espérai que ce trajet de retour à la maison dure toute la nuit...

La porte s’ouvre doucement, presque avec retenue. Centimètre après centimètre, elle apparaît. C’est une géante qui entre dans notre chambre. Son pas est incertain, craintif. Ses traits sont crispés, son corps tendu. Ce moment tant attendu, tellement imaginé, comment va-t-il se dérouler ?

Je la regarde le cœur battant. Elle est tellement belle, tellement grande qu’il me faut plusieurs secondes pour réagir. Presque un mouvement de recul lorsque je me lève. Dans ses yeux se reflètent ses doutes. Je lui prends la main, le temps de quelques pas.

Elle se penche au-dessus de lui tandis que je me rassieds sur mon lit et les observe, en retrait. Ce moment est le leur, pas le mien.

Elle a mis sa plus belle tenue, celle avec le vichy parme dont le haut est parsemé de volants. Ses longs cheveux châtains sont gaufrés alors qu’elle n’a jamais la patience habituellement. J’aperçois même des paillettes qui ornent ses ongles rongés. Ce rendez-vous, c’est le plus important de sa courte vie.

Il est là devant elle, enfin. Détendu, il ne sait rien de cette rencontre. Ses yeux la trouvent en train de l’admirer. Une esquisse de sourire impossible se dessine sur son visage, en miroir de celui qui resplendit face à lui. Une caresse sur la joue et surtout, cette voix qu’il connaît si bien, mais qu’il entend pour la première fois aussi nettement : « Coucou p’tit frère, c’est ta grande sœur ».

Plus rien n’existe qu’eux. Je retiens mon souffle, sens mon cœur exploser dans ma poitrine. Plusieurs minutes s’écoulent avant qu’il détourne le regard et s’endorme, épuisé de cette connexion si intense, ce coup de foudre fraternel.

Maman

Petite, tu me lisais des histoires…

Lorsque j’ai su déchiffrer seule, tous les samedis, tu me donnais une pièce de cinq francs. J’avais le droit de descendre seule au rez de chaussée de notre immeuble où se trouvait une petite librairie « Vers et Prose ». Une boutique toute petite avec des rayons jusqu’au plafond. Je regardais, j’ouvrais des yeux immenses, je choisissais…. J’ai commencé avec Sylvain et Sylvette, puis les bibliothèques rose, verte, rouge et or…

Tu aurais pu penser : « Elle sait lire, je la laisse ». Mais parfois, le soir, tu me disais : « Viens » et tu sortais un livre. On lisait une page chacune et c’était magique… C’est comme ça que j’ai découvert « La mule du Pape » et « Les vieux » d’Alphonse Daudet. Dans cette dernière nouvelle, il y avait Mamette…
J’ai encore grandi et je lisais avec une lampe de poche sous les couvertures…

Puis j’ai quitté la maison, je me suis mariée. Quand mon fils est né, en souvenir de ces moments partagés, tu n’es pas devenue Mamie mais Mamette. Cela te va si bien !

Maintenant, lorsque je découvre un roman superbe, je te le prête et nous échangeons. Parfois, tu me disputes : « Non, celui là, la fin ne me plaît pas, on va en imaginer une autre ». A d’autres moments, tu téléphones et tu me dis : « Trouve-moi quelque chose de bien dans ta bibliothèque, je n’ai plus rien… » et j’essaie de trouver la perle rare…

Maman, Mamette, merci de m’avoir offert ce cadeau qui ne se mesure pas : l’amour de la lecture.

[Cassiopée]

Voici les quatre textes reçus. Vous pouvez poster vos commentaires à la suite de ce message et surtout voter!

Fin des votes le 10 Juin à 18 heures.

[joëlle]

Ça ne va pas être facile de choisir
Bravo à vous quatre

[Nisa]

De superbes textes, ça va être dur de choisir !

[Cassiopée]

Oui, les approches sont très différentes. Du coup, ça complique le choix. Je réfléchis encore un peu!

[maily7]

beau travail !!
voila, j'ai voté ...

[Step]

Les 4 textes sont magnifiques, je me laisse encore quelques jours pour les relire, ce ne sera pas facile de voter.
Bravo.

[Invité]

4 textes magnifiques  

Choix difficile, c'est fait à vous

[Step]

Oui Creuse le choix était difficile et j'en ai eu les larmes aux yeux, mais c'est fait.
Je suis une grande émotive

[Fleya]

bravo et merci pour ces jolis textes... moi aussi ça me met la larme à l'oeil. J'ai voté

[Cassiopée]

Plus que quelques jours pour voter !

[louloute]

très jolis textes, dur dur de choisir, on ne peut pas voter pour les quatre  

[joëlle]

Encore quelques heures pour voter!
J'ai hâte de découvrir les auteurs de ces jolis textes!!!

[marie do]

Encore quelques heures pour voter!
J'ai hâte de découvrir les auteurs de ces jolis textes!!!

Pas trop de suspense pour le premier !

[Cassiopée]

Le premier texte a six voix, les autres trois.

Je demande aux auteurs s'ils veulent se faire connaître...

Bravo à tous et félicitations à la personne qui a gagné.

[joëlle]

Et voilà que j'ai un peu triché...
J'espère que nous aurons les auteurs, les textes sont tous beaux, le choix difficile et les scores sont tous honorables.🌺

[Cassiopée]

Texte 1: Elyuna

Texte 2: Zia

Texte 3 : Nisa

Texte 4 : anonyme

[joëlle]

Merci à Elyuna, Zia, Nisa et anonyme  pour ces jolis textes!

Anonyme, c'est un ou une ???

[Invité]

Tu es bien curieuse, joëlle...

J'ai beaucoup aimé les trois autres textes. C'est un bel hommage aux mamans.
On remet ça pour la fête des pères (comme ça les hommes pourront partager leur expérience en tant que papa) ?

[louloute]

Bravo les filles et à Anonyme, merci du partage  

[Invité]

et



à vous toutes.

[Cassiopée]

Ben la fête des pères c'est ce week end....

[Invité]

Ah... déjà ???
Zut !
Ça aurait été bien, pourtant.

[Step]

à vous quatre.

Elyuna tu m'as vraiment émue!

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