[Pascal, Blaise] De l'art de persuader

[Invité]

De l’art de persuader
Blaise Pascal
1660
Édition Mille et une nuits n°340
60 pages



Résumé

Ce tout petit ouvrage contient tout d’abord un opuscule signé Pascal, De l’art de persuader, dans lequel il livre la méthode de la démonstration rigoureusement parfaite, tout en exposant ses réflexions quant à la manière de persuader et d’être persuadé.
La seconde partie est la Seconde Lettre écrite à un provincial par un de ses amis, dans laquelle Pascal relate un débat théologique de son époque entre jésuites, jansénistes et nouveaux thomistes. L’occasion pour lui d’user d’une rhétorique parfaite pour démonter la thèse soutenue par ses adversaires…

Mon avis

Il me faut peut-être tout d’abord expliquer pourquoi j’ai posté cette critique dans la rubrique « classiques ». Je ne pense pas tenter de vous « persuader » (hahaha ) parce que je n’ai pas le talent de Pascal en matière de rhétorique, cependant : en usant d’un raisonnement par analogie, on peut rapprocher cette œuvre des Pensées du même auteur, ou encore, pour sa seconde partie du moins (« Seconde Lettre… » qui est évidemment une lettre fictive de Pascal) des Lettres persanes de Montesquieu qui appartiennent au même registre (didactique). Or les Lettres persanes de Montesquieu auraient été placées dans « Romans Classiques » plus que dans « Philosophie/Histoire ». De plus, si l’on donne une définition historique au terme « roman classique », on arrive à un roman appartenant au courant littéraire « classique » dont Pascal faisait partie aux côtés de Boileau, Molière, La Fontaine, Racine… J’ai préféré donc placer De l’art de persuader de Pascal dans la catégorie « Romans Classiques », même si c’est un essai et non un roman. Après, s’il n’est pas dans la bonne section il faudra le déplacer. N’ayant pu trancher véritablement, je m’en remets aux modos. Entre Classiques, Psychologie, ou même "Divers" dans "Autres genres littéraires", je ne sais pas trop...

Venons en au livre en question. Ce fut pour moi une très agréable lecture, aussi bien l’essai que la mise en pratique dans l’anecdote racontée dans la Lettre écrite à un provincial… On suit avec plaisir le fil des pensées de Pascal, qui dissèque notre façon de réceptionner une thèse (pour l’accepter, notre âme dispose de deux entrées : l’entendement, donc la raison, et la volonté, donc les sentiments. La deuxième dicte trop souvent, malheureusement, nos prises de position) avant de nous livrer sa recette de la démonstration parfaite, telle une suite « naturelle et géométrique », et de rejeter les diverses objections qu’on y trouvera. C’est donc un petit essai très convaincant, on ne peut contredire un Pascal qui balaie avec tant d’aisance et d’assurance les contre-arguments (qu’il présente lui-même, évidemment). Sa démonstration est rigoureusement construite, il suit sa propre méthode pour construire son argumentation. Le seul bémol, c’est que le texte soit demeuré inachevé : il manque en effet les deux dernières objections à réfuter.
Quant à la Lettre écrite à un provincial, le débat entre jansénistes, jésuites et nouveaux thomistes peut nous paraître amusant car décalé par rapport à nos préoccupations du XXIème siècle (il s’agit de déterminer si l’homme est doté par Dieu d’une « grâce suffisante », d’une « grâce efficace » ou, comme le suggèrent les nouveaux thomistes, des deux) alors qu’il faisait rage au XVIIème siècle. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce débat n’est pas barbant : Pascal le rend au contraire très vivant, ludique et plaisant à suivre, car il l’enrichit d’exemples, d’illustrations sous forme de paraboles, et surtout ce n’est pas un débat entre deux personnages mais la narration d’une multitude de rencontres faites par Pascal avec des défenseurs de telle ou telle thèse. La façon dont Pascal ridiculise avec une logique implacable la thèse de ses adversaires vaut elle aussi le coup d’œil.

En résumé, une lecture rapide (60 pages à peine) et plaisante, il faut réfléchir un peu pour tout saisir mais aussi bien le fond que la forme sont accessibles et pertinents. Quand on referme le bouquin, on se dit qu’on a fait sa petite gymnastique intellectuelle quotidienne et que pour la prochaine joute oratoire qu’on aura à livrer on sera plus à même de clouer le bec à un impertinent adversaire

[Pinky]

bravo Polarfan, j'aime beaucoup ta présentation de ce livre et ta dernière phrase ... pour ma part, il fait parti des classiques de la philo....

[Invité]

Merci pour cette magnifique critique, polarfan.

:<4^: Tu devrais peut-être changer de pseudo... Philofan ???

[Invité]

@ Virgule : cela fait plusieurs années que ce pseudo est devenu totalement inadapté, vu que je ne lis plus un seul polar...
Merci Virgule!

[Invité]

De rien.

Blague à part, tu sais que tu peux réellement changer ton pseudo en allant sur ton profil ?
Il faut en informer les modos, mais c'est possible.

[Contenu sponsorisé]