[Caron, Aymeric] Antispéciste

[Invité]

Editions : Don Quichotte
Parution : avril 2016
Nombre de pages : 480 pages
ISBN : 978-2-35949-498-3

La 4ème de couverture :

« L'antispécisme milite pour l intégration de tous les êtres vivants sensibles dans une même famille de considération morale. Vu sous un autre angle, cela signifie que l'antispécisme revendique l appartenance de l espèce humaine à une communauté beaucoup plus large qu elle-même, celle des animaux. Il s agit de notre communauté initiale, dont nous ne sommes jamais sortis, malgré nos tentatives désespérées pour le faire croire et l'obstination à renier nos origines. Nous ne sommes que les jeunes visiteurs d un zoo égaré au milieu de nulle part. »

Antispéciste explore la génétique, la cosmologie, l éthologie, le droit et la philosophie pour expliquer pourquoi nous sommes tenus aujourd'hui d'accorder certains droits fondamentaux aux animaux non humains sensibles. Mais cette extension de notre sphère de considération morale s'inscrit dans une réflexion beaucoup plus large. En invitant à repenser le vivant et la place de l'homme dans l'univers, Antispéciste décrypte les raisons de l'échec de l'écologie politique traditionnelle et propose un nouveau projet nommé l'écologie essentielle, qui doit aboutir à une réforme constitutionnelle pour prendre en compte la valeur intrinsèque de tous les êtres vivants.
Antispéciste pose également des questions inédites : qui sont les animalosceptiques ? Pourquoi l'antispécisme est-il un combat social ? Pourquoi Superman est-il un superhéros antispéciste ? Pourquoi le vrai but de l'écologie est-il en réalité de faire sortir l'homme de la nature ? Qu'est-ce que la réduction de l'empreinte négative ? Pourquoi les éleveurs ont-ils intérêt à rejoindre les antispécistes ?
Antispéciste est un appel au soulèvement des consciences. Un appel à la révolte individuelle. Un appel à un nouvel humanisme.

Quelques précisions sur l'auteur :
Aymeric Caron est journaliste et écrivain. Il est l'auteur d Envoyé Spécial (2003), No Steak (2013) et Incorrect (2014). Il invite à une nouvelle
réflexion sur la nature et les droits des animaux.

Mon avis :

Je propose de partir de divers constats et questions pour comprendre ce qui m'a poussé à lire cet essai.

Chaque année, 70 milliards de mammifères et oiseaux et 100 milliards d'animaux marins sont tués. Or, depuis l'existence de l'homme moderne, on ne recense "que" 100 milliards d'individus. Alors pourquoi ? Pourquoi tués autant d'animaux ? Pour se nourrir. Certainement. Mais que fait-on des millions de personnes qui meurent de faim ? Cela ne justifie pas tout. Pour se vêtir ? Cela ne justifie pas tout.
De plus, je suis végétalienne depuis peu, et végétarienne depuis deux ans, et je vis très bien sans consommer de "produit animal". Si je le peux, d'autres le peuvent aussi. D'autres l'ont fait avant moi, d'autres le feront après moi. Pour quelles raisons ? Dans quel but ?
Personnellement, je le fais, essentiellement par amour des animaux, et un peu pour des raisons de santé.
J'ai donc eu besoin de lire, écouter, celles et ceux qui le font pour d'autres raisons. Pour comprendre ce mouvement qui est en marche et qui laisse espérer un meilleur avenir pour demain.

Aymeric Caron le fait lui non par amour mais par respect, par égalité. Il définit, dès le début de son essai, l'antispécisme comme un combat social pour l'égalité avec la particularité de dépasser simplement celle des hommes. Il s'agit donc d'un nouvel humanisme.
Aymeric Caron milite pour 4 droits fondamentaux pour les animaux : celui de ne plus être mangé, celui de ne plus être enfermé, celui de ne plus être torturé, et celui de ne plus se servir d'animaux pour faire commerce.

C'est un essai très bien construit et documenté, (preuve, s'il en faut, la bibliographie) qui amène une réflexion sur le véganisme différente et axée sur la philosophie. Il remet assez bien, sans logique culpabilisante mais avec force démonstration, l'humain à sa place "aucun humain n'est réellement important si ce n'est dans l'esprit et le cœur de ceux qui l'accompagnent avec bienveillance sur un bout du chemin". Ou encore lorsqu'il rappelle que les 12 000 dernières années (qui correspondent au développement de l'homme moderne) représentent 0,00008% de l'existence de l'univers.

Caron place le débat en des termes génétique, éthologique, philosophique, éthique et politique. Ce qui offre un discours construit et sensé. Il interroge de façon précise les "différences" entre humain et animal, la question des droits et du droit animal, la place de l'humain, la place de l'animal. Tous les thèmes sont passés en revue : abattoirs, zoos et cirques, vivisection, fourrures et cuirs... Il cite beaucoup Gandhi, qui je crois est un précurseur de l'humanité, notamment sur la question de la civilisation : "La civilisation au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaitre le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres."

Son essai s'achève par un plaidoyer plus politique en faveur d'une écologie essentielle, une biodémocratie ou République du Vivant. Moins portée sur l'aspect politique du débat, j'ai pourtant trouvé ses idées intéressantes.

Cet essai ne s'adresse pas qu'aux végéta*iens, ce serait trop simple. Il s'adresse à tous les humains. Ceux qui s'interrogent sur le monde dans lequel ils veulent vivre demain, ceux qui s'inquiètent pour leurs enfants, ceux qui se sentent tiraillés, mal à l'aise en regardant leurs assiettes, ceux qui, au fond d'eux, se demandent si un autre demain est possible.

[Fleurianne]

Merci beaucoup Elo pour cette critique pointue. J'apprécie beaucoup Aymeric Caron pour son engagement et ce livre sera certainement une de mes prochaines lectures.

[Invité]

Merci d'avoir pris le temps de lire mon avis

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