[Abeille, Jacques] Le cycle des contrées - Tome 1: Les jardins statuaires
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Votre avis sur "Les jardins statuaires"
[Abeille, Jacques] Le cycle des contrées - Tome 1: Les jardins statuaires
Genre : Fantastique
Editions : Attila
ISBN : 978-2-917084-19-9
474 pages
Présentation de l'éditeur :
Que dire d’une œuvre si ample qu’elle échappe aux catégories littéraires ? Les Jardins Statuaires, c’est à la fois une fable, un roman d’aventure, un récit de voyage, un conte philosophique.
A une époque indéterminée, un voyageur découvre le pays des « Jardins Statuaires » : un ensemble de domaines, protégés par de vastes enceintes, où la principale activité des hommes consiste à cultiver des statues. Dans ces propriétés où la pierre pousse sans cesse, la vie est réglée d’après une organisation rigoureuse, apparemment ludique et rationnelle, mais aux fondements étranges.
Au fil des pérégrinations du voyageur, l’utopie se lézarde : la place des femmes, le pouvoir occulte d’une mystérieuse guide des hôteliers, les statues qui maigrissent ou croissent indéfiniment posent des questions angoissantes. Enfin, la menace de Barbares qui se rassemblent aux frontières et préparent l’invasion des jardins statuaires va achever de déséquilibrer cette société.
Jacques Abeille a créé une œuvre qui rejoint celles de Mervyn Peake, de Julien Gracq, de Tolkien, mais dont le destin dessine une légende noire : tapuscrit égaré, faillites d’éditeurs, incendies et malchances ont concouru pendant trente ans à l’occultation de ce roman sans équivalent dans la littérature française.
Mon avis : A une époque indéterminée, un voyageur découvre le pays des « Jardins Statuaires » : un ensemble de domaines, protégés par de vastes enceintes, où la principale activité des hommes consiste à cultiver des statues. Dans ces propriétés où la pierre pousse sans cesse, la vie est réglée d’après une organisation rigoureuse, apparemment ludique et rationnelle, mais aux fondements étranges.
Au fil des pérégrinations du voyageur, l’utopie se lézarde : la place des femmes, le pouvoir occulte d’une mystérieuse guide des hôteliers, les statues qui maigrissent ou croissent indéfiniment posent des questions angoissantes. Enfin, la menace de Barbares qui se rassemblent aux frontières et préparent l’invasion des jardins statuaires va achever de déséquilibrer cette société.
Jacques Abeille a créé une œuvre qui rejoint celles de Mervyn Peake, de Julien Gracq, de Tolkien, mais dont le destin dessine une légende noire : tapuscrit égaré, faillites d’éditeurs, incendies et malchances ont concouru pendant trente ans à l’occultation de ce roman sans équivalent dans la littérature française.
Ce livre est définitivement une grande découverte pour moi.
Cette civilisation des Jardins Statuaires dégage une mélancolie poignante, un indéniable parfum de paradis perdu. En effet, tout comme celui de la Bible, cet éden porte en lui les germes de sa propre destruction, dont les hommes seront également les artisans involontaires. De même, le narrateur deviendra, bien malgré lui, le serpent qui mettra les jardiniers face à leurs propres démons, face à ces coutumes cruelles et vidées de leur sens qui signeront leur fin.
Du point de vue du style, chaque phrase semble avoir été ciselée, retaillée, pour exprimer une sensation précise, une odeur, une saveur, une texture, une pensée. Poétique sans être hermétique, soignée sans être arrogante, l’écriture immerge le lecteur dans ce voyage initiatique d’un genre inédit.
Le récit, très lent et très construit, met particulièrement en avant les sentiments de ce voyageur, étranger à double titre : étranger car extérieur, étranger car étrange. De son histoire, on ne saura rien, pas même son nom, comme pour mieux se concentrer sur l’instant présent, sur l’agonie promise des domaines qu’il traverse, sur la naissance de sa propre sensibilité. Du reste, un seul personnage aura droit à un nom dans tout le récit : une femme, Vanina, magnifique ironie dans ce monde où les hommes règnent en maîtres et où le pouvoir des femmes, cloîtrées, ne peut être que détourné et souterrain.
A noter que, si l’érotisme en est presque absent, ce roman dégage une volupté frappante, admirablement retranscrite par les dessins de couverture qui, si on ne me l’avait pas offert, m’auraient obligée à acheter ce volume (si, si , obligée ).
Je ne suis pas sûre de tous les messages, que l’auteur a voulu faire passer dans cette œuvre, tant les sujets abordés sont riches et puissants.
La première partie est clairement une réflexion sur le processus de création, que cette création soit le fait d’un sculpteur, d’un écrivain, ou de tout autre artiste. Mais la suite est, tout aussi clairement, une critique posée de l’intégrisme, qui se traduit ici par une incapacité viscérale à remettre en cause les coutumes ancestrales, même les plus absurdes et les plus délétères. J’y ai également décelé un plaidoyer réfléchi contre la ségrégation, ici des femmes, qui affaiblit la société en la morcelant, en générant frustrations et incompréhensions, qui laisse la porte ouverte à la peur et à la haine. Enfin, j’y ai trouvé une sorte d’éloge du changement, du chaos comme porteur de nouvelles possibilités, de nouveaux espoirs. La destruction qui guette, tout effrayante qu’elle soit ne sera pas seulement la fin, mais également la naissance d’un monde, d'une civilisation nouvelle, porteuse de valeurs différentes. Ou comment appréhender la fin, la sienne, celle d’un monde, avec philosophie.
D’autres lecteurs y verront plus que cela, d’autres peut-être moins.
Dans tous les cas, je recommande chaudement cette lecture, qui a été un vrai coup de cœur pour moi (d'ailleurs, le fait qu'il s'agisse du premier tome d'un cycle ne présage rien de bon pour ma PàL... :<|G: )
Invité- Invité
Re: [Abeille, Jacques] Le cycle des contrées - Tome 1: Les jardins statuaires
Oh ce roman a l'air à part, plein de richesses, il me tente!
Invité- Invité
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